Concerts, La Scène, Musique de chambre et récital

Natacha Kudritskaya, personnalité exceptionnelle

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Paris, Salle Cortot. 28–IV-2009. Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour piano n°2 en si bémol mineur « Funèbre » op. 35  ; Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit ; Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en ut mineur D958. Natacha Kudritskaya, piano

Dans le cadre des « Concerts nouveaux Virtuoses » vient de nous offrir ce qu'on peut, sans conteste, considérer comme la meilleure interprétation actuelle de Gaspard de la Nuit. Au reste, cette interprétation lui a déjà valu un «Choc» du Monde de la musique et un Premier Prix de l'Académie Maurice Ravel. Ajoutons que Natacha Kudridskaya reçut à la fois le Premier prix au Concours International Vibrarte, en février 2009, où nous l'avions tant admirée et le prix Robert Casadesus pour «le caractère personnel et juste de son interprétation de la musique française».

Non seulement, dans cette œuvre, la pianiste se joue des difficultés de la partition, mais loin de se contenter de mettre en évidence sa virtuosité, comme tant d'autres, elle sait nous entraîner dans trois univers différents : celui du rève (Ondine), celui de la méditation (Le Gibet), et celui de la magie (Scarbo), avec un toucher rond convenant merveilleusement à cette musique ; dans Ondine, non seulement on suit le dessin serpentin du corps féminin en mouvement mais l'eau scintille autour de la déesse et grâce à un «je ne sais quoi» aurait dit Vladimir Jankélévitch, au dosage des pédales, peut-être, arrive à traduire le plaisir du contact de l'eau sur la peau. Dans Le Gibet, le glas, ce fameux si bémol obsessionnel, se fait à chaque coup plus mélancolique et se charge à lui seul d'une souffrance compassionnelle devant le condamné ; alors qu'aussitôt après, Scarbo, pris très vite, revêt un aspect ludique ébouriffant.

Les sonates de Chopin et de Schubert encadrant l'œuvre de Ravel révèlent l'une et l'autre les qualités les plus hautes : un toucher choisi avec soin pour chacune d'elles, une force phénoménale dans les accords, jamais tapés, une énergie qui se diffuse dans le public, un sens très sûr des structures associé à une liberté du phrasé qui permet de respirer, par exemple dans la Marche funèbre de la sonate de Chopin. Un seul bis, après un tel programme, l'Allemande de la Suite en la de Jean-Philippe Rameau. Merveille : encore un jeu nouveau, perlé, limpide, cette fois, plein de grâce et de gravité calme (si rare). Comme toujours, l'engagement est total, sans effets, sans rien de gratuit. La tenue de l'artiste, liquette, pantalon de coton et baskets, témoigne de son mépris du toc et des pailllettes, de son refus, loin de tout narcissisme, d'utiliser ce qu'elle joue pour plaire et pour briller, et révèle sa seule exigence : servir la musique. Rappelons qu'elle a reçu de grands prix, qu'elle s'est déjà produite dans les festivals les plus réputés, de la Roque d'Anthéron à Gstaad en passant par Riga, Vienne, Attergau. Mais retenons l'essentiel : est tout simplement habitée.

Crédit photographique : © DR

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Paris, Salle Cortot. 28–IV-2009. Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour piano n°2 en si bémol mineur « Funèbre » op. 35  ; Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit ; Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en ut mineur D958. Natacha Kudritskaya, piano

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