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Paris. Palais Garnier. 26-III-2009. Musiques de divers compositeurs. Décors et costumes des productions originales. Avec : Marion Barbeau, Valentine Colasante, Jennifer Visocchi, Marine Ganio, Allister Madin, Héloïse Bourdon, Yvon Demol, Ludmila Pagliero, Aubane Philbert, Grégory Dominiak, Charline Giezendanner, Marc Moreau, Éléonore Guérineau, Fabien Révillion, Amandine Albisson, Yannick Bittencourt, Fanny Gorse, Axel Ibot, Daniel Stokes, Mickaël Lafon. Orchestre Colonne, direction : Kœn Kessels.
La soirée «Jeunes Danseurs», programmée fréquemment au Palais Garnier, a mis en valeur cette année la génération montante des danseurs masculins. On peut régulièrement se plaindre du manque de bons danseurs dans le paysage de la danse classique en France, actuellement. C'est vrai.
Mais cette soirée nous a offert quelques éléments qui seront amenés à jouer un rôle important dans la compagnie, à l'avenir. En premier lieu, Marc Moreau (dans Tchaïkovski-Pas de Deux), que l'on avait évidemment remarqué, et qui s'était admirablement démarqué au précédent Concours de Promotion. L'Opéra manque de ces danseurs qui ont l'ébriété de la jeunesse, et possèdent un enthousiasme communicatif. Sa joie de danser est évidente, et un travail soutenu lui assurera facilement les portes de la réussite. Sa partenaire, Charline Giezendanner, en dépit d'un physique qui sied correctement à Balanchine, est en deçà ; tout reste très propre, mais il n'y a pas cette exubérance que l'on est en droit d'attendre d'un pas de virtuosité.
Ensuite, Fabien Révillion, très précis dans ce travail de la jambe, si particulier de l'Opéra, danse un Donizetti-Pas de Deux chorégraphiquement impersonnel et aux effets un peu attendus (la danseuse qui se prépare, et finalement va en coulisses) monté par Manuel Legris ; sa partenaire, Mlle Guérineau est époustouflante, et l'on attend qu'enfin, des rôles à sa hauteur lui soient confiés ; tout en elle charme et séduit. Au-delà même de l'aspect technique, proprement délirant, elle a une présence incroyable pour son âge, et elle prend la scène comme personne. Si une révélation devait avoir eu lieu ce soir-là, c'était bien cette jeune danseuse, dont nous espérons que l'Opéra ne gâche pas le talent.
Enfin, Allister Madin, autre jeune espoir de la troupe, avec un style personnel, et qui tente de faire le pont entre danse de caractère et technique académique, s'impose brillamment dans le Pas de Deux du Papillon, aux côtés de Marine Ganio, hallucinante de légèreté et de grâce. Là aussi, une artiste en devenir aux belles lignes romantiques et des bras bien plus sensibles au style que ce que l'on peut voir avec des danseuses plus chevronnées.
Le trio des odalisques du Corsaire, très scolairement exécuté par Marion Barbeau et Jennifer Visocchi, et revivifié par Valentine Colasante, montre l'urgence qu'il y a pour l'Opéra de faire entrer au répertoire ce ballet, surtout que l'expérience de Jean-Guillaume Bart (qui en a assuré les répétitions) en ce domaine n'est plus à prouver : une première tentative a été réalisée à Novossibirsk, avec succès semble-t-il. L'adage de l'Acte II du Lac ne permettait certainement pas de mettre en valeur les qualités d'Héloïse Bourdon et Yvon Demol, malgré toute leur volonté, il était difficile d'exiger le meilleur alors que l'expérience leur manque. La Petite danseuse de Degas, malgré une chorégraphie qui ne s'améliore pas au fur et à mesure des années, était dansée par Mlle Pagliero, déjà très mise en avant par la direction de la Danse, et qui correspond à l'archétype d'une danseuse de l'Opéra ; rien n'est transcendant, mais c'est souvent efficace, et on trouve une pièce plaisante alors qu'elle n'est que quelconque. Elle le devient d'autant plus avec la présence d'un Grégory Dominiak approximatif et d'une bien hyperlaxe Aubane Philbert. Amandine Albisson, avec un physique qui sied tout à fait à la Sylvia de Neumeier, et Yannick Bittencourt, ont instauré un climat attendrissant et plein d'apitoiement romantique. M. Bittencourt possède déjà une certaine prestance en scène, mais on remarque encore quelques étrangetés dans la danse, qui seront certainement atténuées avec le travail à venir.
Malgré la chorégraphie peu innovante, mais pas non moins divertissante, de Béatrice Martel, Figure libre, on discerne le physique de Mlle Gorse qui la destine, entre autres, à de captivantes prestations dans des pièces exigeant une certaine puissance, telles que celles de Forsythe, par exemple.
Enfin, quel dépit, pour trois danseurs que d'avoir à se mettre en valeur dans Aunis, de Jacques Garnier. Reprendre cette pièce soulève les interrogations du répertoire du Ballet. Sans être utile à l'édification de l'histoire de la danse, sans être dérangeante ou attrayante, elle est montée peut être en souvenir de l'amitié de la directrice de la danse avec Jacques Garnier ; les danseurs, en l'occurrence, Axel Ibot, Daniel Stokes et Mickaël Lafon, font ce qu'ils peuvent, et sont très corrects dans ce qui leur a été demandé d'interpréter.
Initiative à renouveler encore et toujours, ces soirées Jeunes Danseurs ont, cette saison, dévoilé ou confirmé un niveau très appréciable des jeunes recrues.
Crédit photographique : Charline Giezendanner et Marc Moreau dans Tchaïkovski-Pas de Deux ; Éléonore Guérineau et Fabien Révillion dans Donizetti-Pas de Deux © Agathe Poupeney / Opéra national de Paris
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Paris. Palais Garnier. 26-III-2009. Musiques de divers compositeurs. Décors et costumes des productions originales. Avec : Marion Barbeau, Valentine Colasante, Jennifer Visocchi, Marine Ganio, Allister Madin, Héloïse Bourdon, Yvon Demol, Ludmila Pagliero, Aubane Philbert, Grégory Dominiak, Charline Giezendanner, Marc Moreau, Éléonore Guérineau, Fabien Révillion, Amandine Albisson, Yannick Bittencourt, Fanny Gorse, Axel Ibot, Daniel Stokes, Mickaël Lafon. Orchestre Colonne, direction : Kœn Kessels.