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Haydn « à Paris » par Les Agrémens

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Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°85 en si bémol majeur « La Reine » ; Symphonie n°45 en fa dièse mineur « Les Adieux » ; Joseph Martin Kraus (1756-1792) : Symphonie en ré Majeur Vb143. Les Agrémens, direction : Guy van Waas. 1 CD Ricercar 377. Code-barres : 5 400439 002777. Enregistré en mars 2008 en l’église du domaine de Farnières. Texte de présentation : français, anglais, allemand. Durée : 68’54

 

«Forcé de devenir original». Cette conclusion au regard critique amusé d'un Haydn en plein épanouissement créatif et social revient à l'esprit en découvrant le choix d'une thématique fondée que l'intitulé de cet enregistrement annonce, non sans une pointe d'humour : l'intensification des liens avec Paris, de la surprise (premières éditions en 1764, Symphonie n°41 dirigée par Gossec en 1773) à la consécration (succès du Stabat Mater en 1781, commande des six Symphonies Parisiennes en 1785), se fit sans que l'intéressé l'honorât une seule fois de sa présence.

Le couplage d'œuvres représentatives de périodes créatrices successives ou éloignées avait rarement trouvé un tel degré de pertinence, ne devant plus rien au hasard : l'élément contrastant du Vivace de la Symphonie n°85 (1785), citation textuelle du thème de l'Allegro assai de la Symphonie n°45 (1772) est une plongée soudaine dans le mode mineur, dans le passé du compositeur et la mémoire de l'auditeur. Si le mélange de tension dramatique du Sturm und Drang et d'élégance du Style galant sut atteindre un équilibre radieux avec l'Orchestre de l'Age des Lumières illuminé par Sigiswald Kuijken (cd Virgin Classics), manifestent d'emblée une plus forte inclination pour la première manière dont l'ombre projetée jusqu'aux dernières heures de la création haydnienne leur suggère une interprétation plus vigoureuse et analytique.

Le caractère habituellement solennel de l'introduction à «La Reine», empruntant les rythmes pointés de l'ouverture à la française, ne retiendra guère l'attention, immédiatement sollicitée par les contrastes, le sens du mouvement déterminé, le rôle important de cellules rythmiques concises et la transparence de texture (parties de vents valorisées, osmose d'esprit chambriste) jusque dans les «tutti» les plus denses conjuguant force et contrôle des sonorités. Grâce à la cohérence et la conviction de ces choix, renaît la conscience d'une «musique pure» indissociable de son dessein narratif : les apparitions du spectre des «Adieux», évoqué plus haut, ont ici une violence très stimulante donnant chair et âme à un art trop souvent limité à sa dimension rhétorique. La puissance captivante des élans, des développements tendus, fait regretter l'absence des reprises, ce qui ne se produit pas toujours à l'écoute d'autres versions. Aussi éloignée de l'atmosphère mystérieuse de Kuijken que de la sophistication mondaine d'Adam Fischer (Intégrale Brilliant), la Romance leur préfère davantage d'allant, diffusant sans arrières-pensées le charme ingénu d'une chanson française appréciée par Marie-Antoinette. Cette lecture sincère et sans affectation semble préparer l'auditeur aux deux œuvres suivantes, acquises à l'idéal d'expressivité ardente, passionnée, mélancolique et réfléchie du Sturm und Drang. La symphonie de Kraus confirmant le tempérament original et exigeant de son auteur apparaît comme une élévation d'intensité vers les régions harmoniques et sonores peu fréquentes de la Symphonie «les Adieux».

L'ensemble auquel le joli nom d'Agrémens ne pouvait mieux convenir fait une entrée subtile, enthousiasmante et, on l'espère, bientôt remarquée, dans le ballet des évènements et parutions de cette année Haydn.

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Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°85 en si bémol majeur « La Reine » ; Symphonie n°45 en fa dièse mineur « Les Adieux » ; Joseph Martin Kraus (1756-1792) : Symphonie en ré Majeur Vb143. Les Agrémens, direction : Guy van Waas. 1 CD Ricercar 377. Code-barres : 5 400439 002777. Enregistré en mars 2008 en l’église du domaine de Farnières. Texte de présentation : français, anglais, allemand. Durée : 68’54

 
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