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Elīna Garanča frôle la perfection à Düsseldorf

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Düsseldorf. Tonhalle. 20-III-2009. Airs, ouvertures et préludes extraits d’opéras de Gioacchino Rossini (1792-1868), Gaetano Donizetti (1797-1848), Vincenzo Bellini (1801-1835) et Georges Bizet (1838-1875). Ouvertures, intermèdes et airs tirés de zarzuelas de Ruperto Chapí (1851-1909) Francisco Asenjo Barbieri (1823-1894) et Gerónimo Giménez (1854-1923). Elīna Garanča, mezzo. Neue Philharmonie Westfalen, direction : Karel Mark Chichon

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Qu'est-ce que la perfection ? Certes, elle reste inaccessible aux êtres humains et, par conséquent, toujours un rien énigmatique. Et pourtant, depuis ce soir à la Tonhalle de Düsseldorf, nous avons un soupçon de ce qu'elle pourrait être. C'est qu' a fait escale dans la ville rhénane dans le cadre de sa tournée à travers l'Allemagne.

Tournée promotionnelle oblige, la première partie du concert était essentiellement tirée de son nouvel album intitulé «Belcanto». Nous avions donc droit à trois airs de , tirés successivement de Roberto Devereux, Maria Stuarda et Dom Sébastien, ainsi qu'à air et cabalette de Roméo, extrait de I Capuleti e i Montecchi de . Dès les premières mesures, Garanča fascine avec la pure beauté de son timbre rond et charnu, admirablement homogène sur toute la tessiture. Techniquement, tout est en place : le contrôle du souffle, le messa di voce, l'attaque de l'aigu, jamais métallique ou strident. Mais la mezzo lettone n'est pas seulement une grande belcantiste, mais aussi une superbe interprète. Si tous ces airs se ressemblent stylistiquement, elle parvient néanmoins à différencier les personnages grâce à une diction exemplaire et un jeu subtil de nuances et de couleurs. Ainsi par exemple, la douleur de Sara (Roberto Devereux) n'a rien à voir avec les sentiments de la hautaine reine Elisabeth (Maria Stuarda), même si toutes deux se plaignent d'un amour malheureux. Pour Roméo enfin, Garanča trouve une couleur tout à fait nouvelle, plus mordante, plus masculine – culminant dans une cabalette fulgurante, couronnée de plusieurs aigus d'une arrogance merveilleuse.

Changement d'atmosphère en deuxième partie : nous voici en Espagne, avec d'abord quelques extraits de zarzuela. Là encore, la chanteuse fait preuve d'une maîtrise vocale absolue ainsi que d'une adéquation stylistique admirable. Et pourtant, le point culminant de la soirée est toujours à venir : pour clore le programme officiel, Garanča nous offre une petite sélection de Carmen. D'un moment à l'autre, la mezzo se plonge dans le rôle faisant oublier au spectateur qu'il ne se trouve que dans une salle de concert. Avec quelques gestes seulement et quelques regards, la mezzo semble se transformer en Carmen. Et quelle Carmen ! Sensuelle et dangereuse, fière et lascive, elle joue avec le texte et la musique comme si le rôle avait été écrit justement pour elle. Un grand, un très grand moment.

Fort heureusement, ce concert ne suit pas la formule habituelle de ces tournées de promotion, c'est-à-dire une star, plus un orchestre de série C et un chef tout juste capable de battre la mesure. Au contraire, avec la Neue Philharmonie Westfalen nous avons affaire ici avec un orchestre tout à fait professionnel et motivé. Dans les ouvertures et intermèdes notamment, les musiciens font preuve d'une grande beauté du son ainsi que d'une belle homogénéité des pupitres. Dirigeant sans partition, d'une gestuelle très suggestive et vivante, paraissant par moments même un rien exagérée, Karel Mark Chichon enflamme ses musiciens tirant d'eux un maximum d'engagement et d'enthousiasme. Dès l'ouverture du Barbier de Séville qui ouvre le programme, nous admirons son sens pour le juste tempo et sa capacité de nous surprendre avec des nuances parfois inattendues – un art atteignant son apogée dans l'ouverture de Guillaume Tell et le prélude de Carmen, trop souvent banalisés dans le cadre de tels concerts.

Devant l'enthousiasme d'un public en délire, Garanča offre deux bis : un autre air de Zarzuela ainsi que – chose inhabituelle pour une mezzo – le fameux Granada. La soirée se termine donc dans la plus grande joie.

Crédit photographique : Epa Photo /AFI / Aigars Jansons

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Düsseldorf. Tonhalle. 20-III-2009. Airs, ouvertures et préludes extraits d’opéras de Gioacchino Rossini (1792-1868), Gaetano Donizetti (1797-1848), Vincenzo Bellini (1801-1835) et Georges Bizet (1838-1875). Ouvertures, intermèdes et airs tirés de zarzuelas de Ruperto Chapí (1851-1909) Francisco Asenjo Barbieri (1823-1894) et Gerónimo Giménez (1854-1923). Elīna Garanča, mezzo. Neue Philharmonie Westfalen, direction : Karel Mark Chichon

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