b.c., janvier 1545, Fontainebleau : Danser, vivre et mourir en noir et blanc
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Dijon, Grand théâtre. 21-III-2009. b. c., janvier 1545, Fontainebleau. Chorégraphie, scénographie et costumes : Christian Rizzo. Installation lumières Caty Olive. Création musicale : Gerome Nox. Régie générale : Jean-Michel Hugo. Administration : Catherine Meneret assistée de Garance Crouillère. Production : l’association fragile. Coproduction : Festival Montpellier Danse, Centre National de la Danse de Pantin (création en résidence) avec le soutien de La Passerelle, Scène Nationale de St Brieuc. Avec Julie Guibert.
Christian Rizzo, dans b. c., janvier 1545, Fontainebleau retrouve Julie Guibert, avec qui il travailla en 2004 en compagnie du Ballet de l'Opéra de Lyon, dans sa chorégraphie Ni fleurs, ni Ford mustang.
Il rapporte lui-même qu'il fut impressionné par «son incroyable intelligence physique du plateau». Aussi lui confie-t-il aujourd'hui le difficile rôle de danseuse soliste dans une œuvre hermétique et conceptuelle.
Le décor entièrement blanc aveugle quelque peu le spectateur tandis que de lourdes figures noires suspendues donnent un aspect particulier, morbide. D'ailleurs, lorsque le spectacle commence, tout n'est que silence et inquiétude. Pas de musique, la danseuse, étendue sur une table, tourne le dos au public. Elle paraît sans vie, comme dans un cercueil ouvert. Et pourtant il faut vivre… elle s'animera donc peu à peu, pour mieux laisser parler son corps.
Un homme doté d'un masque de lapin, référence avouée à Alice au pays des merveilles, intervient dans les déplacements d'objets, découpe ainsi le temps, clin d'œil avoué ici au petit animal de Lewis Carol dont les «Je suis en retard, je suis en retard», montre en main, prêtaient à sourire. Mais ici, rien de drôle. La seule lumière provient des petites flammes jaunes qui émanent de nombreux verres que l'homme-lapin pose sur une petite table au fur et à mesure de l'évolution de la danseuse, de manière à recréer un fac simile d'autel.
La jeune femme, elle, vêtue de noir, dont la coiffure, vue de dos, fait penser à celle de Louise Brooks, adopte différentes positions, avec des recherches gestuelles qui révèlent paradoxalement une véritable ascèse malgré la complexité dans la réalisation de certains enchaînements.
Tout semble calculé, programmé dans un spectacle dont la recherche plastique est indéniable mais dont les concepts ne sont pas si évidents à décrypter. Comme le titre du solo, d'ailleurs, dont les initiales, B et C renvoient en fait à Benvenuto Cellini qui sculpta pour François Ier la Nymphe de Fontainebleau en 1542-43 actuellement au musée du Louvre. Entourée d'animaux – chiens, sangliers, chevreuils, cerf qu'elle enlace – l'héroïne mythologique est en fait la personnification d'une source. Lascive, elle remplit l'espace, accoudée à une urne. Rizzo reprend ce concept de femme entourée d'animaux, avec cet homme-lapin et ces allusions animalières présentes dans les objets suspendus. Chacun peut y voir une attention particulière voire une philosophie particulière. D'autant que les gestes précis de la danseuse aux talons-aiguilles se répètent, que ce soit pendant les passages silencieux, c'est-à-dire au début, ou pendant les instants sonorisés par une musique amplifiée de Gerome Nox. Mais des variations subtiles différencient les récurrences gestuelles. Sans compter que la danseuse semble faire corps avec la musique lorsqu'elle joue avec l'enceinte. Et les effets de lumière de Caty Olive de contribuer à l'évolution de l'atmosphère.
Selon les propres termes de Rizzo : «Cette nouvelle tentative est […] l'occasion de creuser la notion de lenteur et d'écrire une danse découpée, comme pourrait être la calligraphie.» Et même si cette calligraphie ressort comme des hiéroglyphes et que le spectateur n'est pas Champollion, il semble que le chorégraphe ait en partie réussi son pari, sachant qu'une bonne partie du public – dans une salle partiellement occupée il faut le dire – a fait mine d'apprécier la prestation dont on peut toutefois regretter l'absence d'émotion au premier degré…
Crédit photographique : Julie Guibert © Marc Domage
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Dijon, Grand théâtre. 21-III-2009. b. c., janvier 1545, Fontainebleau. Chorégraphie, scénographie et costumes : Christian Rizzo. Installation lumières Caty Olive. Création musicale : Gerome Nox. Régie générale : Jean-Michel Hugo. Administration : Catherine Meneret assistée de Garance Crouillère. Production : l’association fragile. Coproduction : Festival Montpellier Danse, Centre National de la Danse de Pantin (création en résidence) avec le soutien de La Passerelle, Scène Nationale de St Brieuc. Avec Julie Guibert.