Danse , La Scène, Spectacles Danse

Le Corsaire : reconstruction ?

Plus de détails

Saint-Pétersbourg. Théâtre Mikhaïlovsky. 14-III-2009. Adolphe Adam, Cesare Pugni, Leo Delibes, Riccardo Drigo and Pyotr Oldenburgsky : Le Corsaire, ballet en trois actes d’après Vernoy de Saint-Georges et Joseph Mazilier. Chorégraphie : Marius Petipa, Pyotr Gusev revisé par Farukh Ruzimatov. Décors et costumes : Valery Levental. Avec : Oksana Shestakova, Medora ; Andrey Kasyanenko, Conrad ; Anastasia Lomachenkova, Gulnara ; Victor Ischouk, Ali ; et le Corps de Ballet du Théâtre Mikhaïlovsky de Saint-Petersburg. Orchestre du Théâtre Mikhaïlovsky, direction : Anatoly Rybalko.

La création artistique à Saint-Pétersbourg est d'une surprenante vitalité ; au Mariinsky, on y crée un nouveau Cheval Bossu, une nouvelle version du Corsaire est montée au Mikhaïlovsky.

a repris le ballet de Mazilier, pour en présenter une version raccourcie (une heure trente seulement…) et peu opérante dans l'action. Le ballet est noué et dénoué si rapidement qu'en naît une certaine frustration liée à la quasi absence d'intrigue au second acte et l'amputation du troisième ; s'enchaînent le Pas des Odalisques, Le jardin animé et les Variations féminines dans distinction de scène, et il est tout de même regrettable qu'un tel manque de cohésion dans la narration soit aussi préjudiciable, et ce, d'autant plus que la version récemment restructurée par A. Ratmansky pour le Bolchoï est d'une longueur qui ne fait pas douter de la nécessité d'une exhaustivité de la chorégraphie originelle.

Toutefois, force est de constater les réactions positives des spectateurs, enclins à la complicité que les danseurs, et en premier lieu, les rôles de caractère, tentent, avec succès, d'instaurer. Les effets sont parfois grossiers, mais remportent l'adhésion. Cela conforte l'impression d'une danse classique toujours vivante dans la capitale du ballet académique.

L'orchestre, tonitruant et pas toujours très juste, s'accommode des évolutions de ceux qui officient sur scène, et notamment, la jeune Oksana Shestakova, parfois en difficulté avec le début du ballet. Passé l'inévitable Pas de trois (ou pas de deux avec Ali), elle se libère peu à peu de son austérité et du carcan de cette prise de rôle, et bien que restant très sérieuse, se privant d'un rien d'inconsistance, son aplomb la rend finalement attachante.

Andrey Kasyanenko, un peu trop lourd à se mouvoir, tente de nombreuses acrobaties qui nécessitent de grandes préparations pour de petits effets. En revanche, Victor Ischouk est stupéfiant d'aisance, malgré un jeu un peu creux.

Enfin, Anastasia Lomachenkova possède l'aspect frondeur et familier de Gulnara, et sa précision technique rend excitante son apparition dans le Jardin animé. Des trois odalisques, on retient Olga Gromova, au rythme impeccable et à la nervosité concordante à sa variation (la deuxième des trois). Il est difficile de penser que Birbanto ou Saïd Pacha corresponde en tout point à l'idée que l'on se fait de leur rôle respectif, une représentation suffit à apprécier leur monolithisme, une seconde n'aurait été que délétère.

Dans le théâtre or blanc et platine du Mikhaïlovsky, la rengaine de la musique connue et itérative suscite un sourire non dissimulé quand on réalise que, comme une première fois, on vient d'assister à un spectacle qui n'aspire qu'à se perfectionner ; il offre déjà un corps de ballet de niveau international (pour note, trois mois auront été nécessaire pour ajuster le ballet), et des artistes dont on se réjouit de l'envie de bien faire avec lequel ils nous entraînent dans un Corsaire d'une facture quelconque et qui ne répond en rien aux besoins de reconstruction qui se posent au ballet dans le siècle à venir.

Crédit photographique : © Théâtre Mikhaïlovsky

(Visited 333 times, 1 visits today)

Plus de détails

Saint-Pétersbourg. Théâtre Mikhaïlovsky. 14-III-2009. Adolphe Adam, Cesare Pugni, Leo Delibes, Riccardo Drigo and Pyotr Oldenburgsky : Le Corsaire, ballet en trois actes d’après Vernoy de Saint-Georges et Joseph Mazilier. Chorégraphie : Marius Petipa, Pyotr Gusev revisé par Farukh Ruzimatov. Décors et costumes : Valery Levental. Avec : Oksana Shestakova, Medora ; Andrey Kasyanenko, Conrad ; Anastasia Lomachenkova, Gulnara ; Victor Ischouk, Ali ; et le Corps de Ballet du Théâtre Mikhaïlovsky de Saint-Petersburg. Orchestre du Théâtre Mikhaïlovsky, direction : Anatoly Rybalko.

Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.