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Hiromi Omura, Cio-Cio-San jusqu’aux larmes

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Lausanne. Salle Métropole. 25-II-2009. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, opéra en 3 actes sur un livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica. Mise en scène : Nicolas Joel ; décors et costumes : Bruno Schwengl ; lumières : Allain Vincent. Avec Hiromi Omura, Cio-Cio-San ; Valter Borin, B. F. Pinkerton ; Mika Shigematsu, Suzuki ; Angel Odena, Sharpless ; Yosep Kang, Goro ; Kwang Il Kim, Le Prince Yamadori ; Taihwan Park, Le Bonze ; Delphine Gillot, Kate Pinkerton ; Hyeong Joon Ha, Le Commissaire ; Florent Balser, un officier. Chœur de l’Opéra de l’Opéra de Lausanne (chef de chœur : Véronique Carrot), Orchestre Sinfonietta de Lausanne, direction : Jean-Yves Ossonce.

Opéra populaire s'il en est, Madama Butterfly fait salle comble partout où il est joué. Avec cette production signée , Lausanne ne fait pas exception.

Fidèle à sa manière de montrer, le metteur en scène français offre un spectacle qui, s'il ne bouscule pas les canons de l'inventivité scénique, conserve l'avantage de rester au plus près du livret pour le plaisir d'un public prêt à s'enflammer pour la poésie qu'un bon spectacle est capable de lui offrir. Tout au plus s'étonnera-t-on que cet homme d'expérience cède à quelques images d'un kitch désolant. Quel besoin de ce nuage de carton brun foncé descendant des cintres pour signifier le drame que se prépare ? Etait-il en outre nécessaire de souffler des confettis colorés d¹un côté de la scène pour expliquer la saison des roses ? Hormis ces relatives fautes de

goût, Nicolas Joël excelle dans la caractérisation pertinente de ses personnages. Ainsi, Pinkerton, jetant son manteau et sa casquette de commandant sans ménagement sur la table basse de la maison qui lui a été préparée, le décrit prestement comme un piètre goujat peu soucieux des coutumes ancestrales locales. Bien senti encore, le changement de vêtements de Cio-Cio-San dès le second acte. Arrivant avec la cohorte de ses familiers en costume traditionnel japonais pour ses noces promises, mariée, elle réapparaît vêtue d'une élégante robe noire affirmant ainsi avec force sa nouvelle identité : Mme Pinkerton, citoyenne américaine !

Sur le plateau, chacun donne le meilleur de lui-même quand bien même les talents divergent. Ainsi, le ténor Valter Borin (F. B. Pinkerton) -remplaçant au pied levé un Mario Malagnini souffrant- semble vocalement un peu nerveux. Si sa voix puissante manque de finesse, elle convient pourtant bien au personnage volontairement inculte que Nicolas Joël veut décrire. A ses côtés, l'entremetteur Goro de Yosep Kang est superbe de fausse prévenance. Si l'entrée de Cio-Cio-San reste un moment d'émotion théâtrale toujours renouvelé, déjà la voix de enchante. Soprano dramatique au superbe legato, elle augure du meilleur. Malheureusement, tout son premier acte se noie dans une étrange sensation de malaise. Est-ce ce nouveau Pinkerton ? Possible, mais la soprano japonaise semble gênée aux entournures de son expression vocale qui, si elle reste bien articulée, ne semble pas refléter vocalement l'intériorité du personnage qu'elle est visiblement. Agitant ses bras en de larges moulinets, son jeu scénique paraît emprunté.

Comme une déception qui devait s'envoler dès l'ouverture du deuxième acte. À ce moment, prend la pleine possession de ses moyens vocaux et s'investit totalement dans son personnage qu'elle sublime jusqu'aux larmes. La voix qui semblait alourdie s'épanouit soudain pour laisser place à l'expression éthérée de l'amoureuse et de l'attente ingénue. Plus chacun se détourne de sa candeur, plus leurs voix s'assombrissent, à l'image de la Suzuki magnifiquement tragique de Mika Shigematsu, la soprano japonaise élève son chant nimbé de légèreté. Une apesanteur si gracile qu'elle rend plus encore dramatique l'instant où Cio-Cio-San réalise la trahison de Pinkerton. En grande artiste, habite ces dernières scènes avec une poignante émotion. Alors, qu'elle s'effondre devant l'image de son enfant debout entre deux bosquets de verveine en fleur dans la lumière d'un hypothétique jardin, il faudra attendre quelques secondes avant que le public relâche l'extrême tension que la soprano japonaise a su créer pour qu'éclatent ses bravos.

Bel artisan de cette réussite un surprenant Sinfonietta. Bondissant, énergique, précis, il assimile la musique de avec beaucoup d'allant grâce à la baguette pleine de finesse et d'autorité de qui signe ici, sa meilleure prestation lausannoise.

Crédit photographique : Hiromi Omura (Cio-Cio-San), Mika Shigematsu (Suzuki) ; Mika Shigematsu (Suzuki), Hiromi Omura (Cio-Cio-San), Angel Odena (Sharpless) © Marc Vanappelghem

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Lausanne. Salle Métropole. 25-II-2009. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, opéra en 3 actes sur un livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica. Mise en scène : Nicolas Joel ; décors et costumes : Bruno Schwengl ; lumières : Allain Vincent. Avec Hiromi Omura, Cio-Cio-San ; Valter Borin, B. F. Pinkerton ; Mika Shigematsu, Suzuki ; Angel Odena, Sharpless ; Yosep Kang, Goro ; Kwang Il Kim, Le Prince Yamadori ; Taihwan Park, Le Bonze ; Delphine Gillot, Kate Pinkerton ; Hyeong Joon Ha, Le Commissaire ; Florent Balser, un officier. Chœur de l’Opéra de l’Opéra de Lausanne (chef de chœur : Véronique Carrot), Orchestre Sinfonietta de Lausanne, direction : Jean-Yves Ossonce.

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