Journée Satie à la Cité de la Musique : Marathon en forme de poire
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Ah, les Vexations. Philip Glass à coté fait pâle figure. 840 fois les mêmes mesures à répéter. 21 pianistes défilèrent dans la rue musicale pour cette expérience unique, du matin de ce dimanche 8 février (dès 8 heures) jusqu'à une heure avancée de la nuit (3 heures). Des pianistes venus de tous horizons, classique comme jazz, des accompagnateurs, des concertistes, et même un organiste (Vincent Warnier) et un chef d'orchestre (Hervé Niquet).
En parallèle à ce marathon répétitif, le pianiste Alexandre Tharaud a concocté une journée complète dédiée au Maître d'Arcueil. Premier récital à quatre mains avec Eric Le Sage dans l'amphithéâtre de la Cité de la Musique dès 11 heures. L'après-midi vient le tour d'un récital en soliste de l'organisateur principal. La grande Salle des concerts de la Cité est pleine à craquer. Alexandre Tharaud est il est vrai un pianiste hors-normes, dont tous les enregistrements sont preuves d'une démarche artistique originale et pensée. Car il faut construire un récital Erik Satie : point de grandes pièces épiques, uniquement des miniatures à assembler, ne pas tomber dans la mosaïque, le puzzle ou le kaléidoscope. Les Gnossiennes ponctuent dans leurs douceurs et leurs blancheurs modales un discours qui va de cet extatisme répétitif à la gouaille du café-concert de la Valse-Ballet ou des Pantins dansent. Le public est littéralement happé par cette musique hypnotique et applaudit à bâtons rompus cette heure avec Satie.
L'œuvre orchestrale de Satie laisse en revanche circonspect. Parade reste le chef d'œuvre que nous connaissons, avec ses objets-instruments (sirènes, machine à écrire, pistolet, et un générateur d'ondes en guise de bouteillophone). Le fils des étoiles gagne beaucoup d'intérêt dans l'orchestration de Roland Manuel, faite d'alliages instrumentaux presque ravéliens. En revanche Mercure et Jack in the box déçoivent, et pourtant l'Orchestre Lamoureux et Daniel Kawka n'ont pas lésiné sur leurs efforts pour tenter de convaincre le public.
Cette journée Satie était entrecoupée de lecture de textes du compositeur fait par François Morel et Olivier Saladin, qui terminaient cette expérience dominicale par les musiques de scène du Maître d'Arcueil, en compagnie de la chanteuse Juliette et bien sur d'Alexandre Tharaud. Une expérience à renouveler, le catalogue Satie est grand.
Crédit photographique : Alexandre Tharaud © Eric Manas