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Chagall reçoit Webern et Schubert

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Nice. Auditorium du Musée National Message biblique Marc Chagall. 26-I-2009. Anton Webern (1883-1945) : Langsamer Satz pour quatuor à cordes. Franz Schubert (1797-1828) : Octuor pour cordes et vents en fa majeur. Lucie Mallet de Chauny, Pascal Monlong, violons. Hélène Coloigner, alto. Anne Bonifas, violoncelle. Jean Louis Landra, contrebasse. Fredéric Richirt, clarinette. Bruno Caulier, cor. Olivier Féral, basson.

Solistes de l'Orchestre Philharmonique de Nice

Ce soir encore les vitraux du Musée Chagall servirent d'écrin aux concertistes de l'orchestre philharmonique de Nice, réunis en quatuor d'abord, puis en octuor, pour une soirée chaleureuse et intime où chacun put mettre en valeur ses talents d'ordinaire noyés au sein de la masse orchestrale. Qu'ils soient solistes ou non, tous ont donné un net aperçu de la qualité des musiciens niçois, particulièrement Pascal Monlong au violon. Une grande maîtrise, un excellent son et une véritable interprétation tant pour Webern (dès les premières mesures) que pour Schubert. On sent l'habitude de quartettiste acquise avec le quartet Johannes dont il est le premier violon. Tâche dont il s'acquitta brillamment ici, servi par des musiciens à l'écoute les uns des autres et dont les voix s'enchaînaient non seulement avec équilibre, mais dans une ligne d'interprétation parallèle conférant au quatuor son unité et sa fluidité. Si le violoncelle se trouvait un peu en dehors dans le premier mouvement, il se révéla extrêmement fin et aussi précis que doux dans le second mouvement. L'assurance et le lyrisme du premier violon créait cependant un léger dominion qui parfois contraria l'équilibre général, tandis que le second violon, notamment dans le finale, semblait avoir quelque peu lâché l'ensemble.

En revanche, il y eut réellement deux moments dans l'octuor de Schubert. La première partie (du premier au troisième mouvement) fut inégale sans jamais être désagréable. On peut souligner dans le premier mouvement la finesse et la précision de Frédéric Richirt à la clarinette, allant également jusqu'au fond des notes, ou marquant les notes pointées sans rugosité, épousant les autres parties en émergeant ou les soulignant. Le cor mit un peu de temps à se trouver, notamment dans ses attaques, puis rejoignit l'unité de l'ensemble sans plus dépareiller dans la finesse générale. Le finale un peu sec du premier mouvement créa toutefois une surprise peu agréable, ce qui eut pour effet peut être de précipiter le second mouvement au début duquel le violoncelle et les autres cordes semblaient se chercher un peu, tandis que les croches de l'alto étaient un peu lourdes. Approximation vite oubliée avec le très beau dialogue du violon et de la clarinette, l'un répondant à l'autre ou s'enlaçant avec lui, pour un très beau second mouvement. C'est au cours du troisième mouvement que chacun semble avoir trouvé sa place pour mieux se donner aux autres et recevoir d'eux la matière de leur interprétation. Équilibre vérifié au mouvement suivant, à partir duquel il suffisait de se laisser porter par un octuor désormais sans faille. Bien que très marqué par l'influence de Beethoven ou déjà empreint de la grande symphonie dont il servit de programme musical, cet octuor conserve sa personnalité propre et les musiciens niçois à aucun moment ne sont tombés dans le travers, parfois facile, d'un certain mimétisme. Les élans beethovéniens sont restés schubertiens et les thèmes de la Symphonie n°9 ne sont jamais sortis du traitement propre à la musique de chambre. Le risque eut pu être en effet – comme on l'entend parfois – de trop lier les deux œuvres et, la symphonie étant plus connue que l'octuor, de se laisser aller à une version octuor de la symphonie.

Une belle formation que sut apprécier venu entendre et encourager avec une joie non dissimulée ses musiciens.

Crédit photographique : Le violoniste bleu () © DR

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Nice. Auditorium du Musée National Message biblique Marc Chagall. 26-I-2009. Anton Webern (1883-1945) : Langsamer Satz pour quatuor à cordes. Franz Schubert (1797-1828) : Octuor pour cordes et vents en fa majeur. Lucie Mallet de Chauny, Pascal Monlong, violons. Hélène Coloigner, alto. Anne Bonifas, violoncelle. Jean Louis Landra, contrebasse. Fredéric Richirt, clarinette. Bruno Caulier, cor. Olivier Féral, basson.

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