Poulenc ne sera jamais à bout de souffle

Ces six là ont le Poulenc dans le sang. Tout d'abord l'exercice du quintette à vents est périlleux : contrairement au quatuor à cordes, fait de quatre instruments de même facture, dans la petite harmonie chacun a ses particularités. La flûte, dans le médium-grave, ne sonne pas. Le hautbois devient naturellement criard dans le suraigu. Le son de clarinette change de timbre selon la tessiture. Le volume sonore du basson est toujours en retrait, à l'inverse du cor. Mais ces cinq là du Quintette Moraguès jouent ensemble depuis des lustres. Ajoutez-y le piano complice d'Emmanuel Strosser et l'écriture de Francis Poulenc, impossible d'être déçu.

L'excellente prise de son ne peut faire qu'augmenter les superlatifs. En prime des deux classiques pour vents et piano (le Sextuor et le Trio), le quintette Moraguès nous offre des arrangements d'Aubade (pour piano et petit orchestre à l'origine) et de la Suite française (pour piano à la base, arrangée par Poulenc pour clavecin, percussions et un ensemble de hautbois, bassons, trompettes et trombones) qui une fois n'est pas coutume sont réalisés de main de maître par Ohtaki Katsuhisa (d'ordinaire c'est le hautboïste du quintette, David Wa lter, qui s'y colle).

La pièce maîtresse de ce disque, le Sextuor pour piano et vents trouve ici sa place de référence en matière d'enregistrement, à un moment ou peu de versions sont encore en vente. De quoi se rendre compte une bonne fois pour toute que la musique de Poulenc n'est pas seulement «agréable».