Edito
Après Avignon, voilà Besançon. Créé en 1994 à partir de rien (ou presque), soutenu à bras le corps par son directeur musical Peter Csaba dès l’origine, l’Orchestre de Besançon Franche-Comté s’est peu à peu imposé dans le paysage musical.
Le bilan au bout de 14 années est plutôt satisfaisant : implication dans la vie locale des musiciens (nombreux sont ceux qui enseigne dans les conservatoires environnants), programmation originale, invités de renom (Michel Dalberto, Peter Wilspelwey, Alexander Kniaziev, …), tournées en région Franche-Comté, travail pédagogique (2 séries de concerts chaque année avec des chorales d’enfants issues des écoles élémentaires de la région), politique tarifaire plus que raisonnable (prix le plus élevé des places : 17, 20€).
Mais le principal bailleur de fonds, la Mairie, ne l’entend pas de cette oreille. Certes, le travail mené jusqu’alors est bon. Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture, voit les choses en grand : rayonnement national, voire plus, collaboration avec le Théâtre musical (ancien Opéra-Théâtre), avec le Festival, … Or si on regarde la saison 2008/09, le premier concert est programmé dans le cadre du Festival. Un autre concert de la saison sera dirigé par Darrell Ang, dernier lauréat du concours de chef d’orchestre de Besançon. Pelléas et Mélisande, prévu au Théâtre musical, se fera avec l’Orchestre de Besançon Franche-Comté… Les élus en veulent plus ? Une saison symphonique conséquente, avec un orchestre de 80 musiciens ? Une saison lyrique quasi-complète ? De quoi se réjouir alors en ces temps moroses. Mais non : l’enveloppe budgétaire est en cure amaigrissante. 100 000€ en moins.
«Nous voulons une configuration de l’orchestre différente, qui soit souple, qui puisse passer de 30 à 80 musiciens» (propos de Yves-Michel Dahoui recueillis par le journal régional de France 3 Franche-Comté le 17 janvier dernier). L’art et la manière de vouloir gérer un orchestre comme une entreprise : un noyau de titulaires autour duquel gravite un nombre impressionnant d’intérimaires. L’opposé de ce qu’il faut faire pour «créer» un son d’orchestre homogène. Et donc, la destruction pure et simple de 14 années de travail. Cette brillante idée des édiles locaux vient à point nommée : le contrat de Peter Csaba arrive à expiration. Pure coïncidence, sûrement. Quel est l’utilité pour Besançon de programmer un concert symphonique qui sera nécessairement unique avec un effectif pléthorique ? Du bling bling, que seuls le Kursaal (la salle de concert de la ville) et le Théâtre musical seront capables d’accueillir. Finies les tournées en région par conséquent. Grossir éperdument avec peu de moyens mène à l’explosion. La grenouille de La Fontaine s’en souvient encore.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.