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Ludwig van Beethoven (1770–1827) : Intégrale des concertos pour piano et orchestre. Evgueni Kissin, piano ; London Symphony Orchestra, direction : Sir Colin Davis. 3 cd’s EMI 206311-2. Code barre : 5099920631123. Notice de présentation trilingue (anglais, allemand, français). Enregistré les 4, 5 et 26 septembre 2007 et les 9 et 10 octobre 2007 au Studio n° 1, Abbey Road, Londres. Durée totale : 2 h 58’52’’
EMI ClassicsEvgeny Kissin est un pianiste indiscutable. Il est d'une rigueur technique irréprochable. Son toucher et son articulation pianistiques sont des modèles du genre. Sa mise en place est d'une précision difficilement égalable. Nombre de ses concerts sont empreints de génie. Reste que malgré toutes ces évidentes qualités pianistiques, Evgueny Kissin n'est pas le pianiste de Beethoven. Beethoven déborde de fougue. C'est un volcan déchaîné, une terre qui tremble, un feu qui jaillit. Dans ces œuvres mythiques, trop sage, le pianiste russe n'atteint jamais l'excessif du caractère profond de la musique beethovénienne se confinant à une prudence inconvenante.
Avec certains romans policiers, on triche parfois en lisant les derniers chapitres pour découvrir le coupable avant d'avoir fait toute la lecture du livre. C'est le conseil que votre serviteur peut vous donner pour l'écoute de cet enregistrement des concertos pour piano et orchestre de Beethoven. Le troisième cd du coffret renvoie une très belle interprétation du Concerto n° 5 en mi majeur op. 73. Evgueni Kissin récite admirablement sa leçon. Dans l'Allegro initial, son piano est absolument parfait, pas une note ne manque au rendez-vous de la partition. Mais, comme dans ses récents concerts beethovéniens, on reste sur sa faim. Si son toucher fait dresser l'oreille à plus d'un instant, l'esprit du compositeur fait défaut. Non pas qu'on puisse reprocher quoique ce soit au piano de Kissin, mais son génie interprétatif n'éclate pas avec l'évidence qu'on lui connaît lorsqu'il joue Chopin ou Schubert en récital. Même si l'artiste s'annonce plus inspiré dans le moment suspendu de l'Adagio, là où la respiration musicale sublime l'œuvre, on attend à ce qu'il nous offre plus qu'un autre sublime moment d'écriture musicale. On voudrait Kissin plus investi, plus authentique, plus fou, peut-être. Le Rondo final est enlevé avec la même articulation technique claire du premier mouvement. Mais encore, le petit plus qu'on attend d'un tel pianiste n'est pas là. C'est grâce à l'écriture musicale brillante de L'Empereur que cette brillance déteint presque naturellement sur l'interprétation.
Si les quatre autres concertos de ce coffret ne déméritent pas, on se retrouve dans les mêmes attentes que dans le plus fameux des concertos pour piano de Beethoven. Evgueni Kissin donne son meilleur piano, mais son meilleur piano ne suffit pas à Beethoven.
Il serait néanmoins injuste de charger le seul pianiste russe de tous les maux de ces interprétations sans relief. Le London Symphony Orchestra, en passe d'être l'un des meilleurs orchestres du monde, déçoit. Ses retrouvailles avec son ancien directeur artistique ne déclenchent pas le déclic que les orchestres ressentent lorsqu'ils retrouvent leurs anciens dirigeants. Peut-être que Valéry Gergiev a remodelé le LSO avec une telle personnalité que la sagesse affichée de la baguette de Sir Colin Davis ne convient plus.
Dommage que, pour un rendez-vous discographique si important, l'un des plus grands pianistes de notre époque et l'un des orchestres parmi les plus incontestables du moment n'ont pas réussi à sortir ces concertos d'une interprétation routinière aseptisée.
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Ludwig van Beethoven (1770–1827) : Intégrale des concertos pour piano et orchestre. Evgueni Kissin, piano ; London Symphony Orchestra, direction : Sir Colin Davis. 3 cd’s EMI 206311-2. Code barre : 5099920631123. Notice de présentation trilingue (anglais, allemand, français). Enregistré les 4, 5 et 26 septembre 2007 et les 9 et 10 octobre 2007 au Studio n° 1, Abbey Road, Londres. Durée totale : 2 h 58’52’’
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