Pour les délicieuses fureurs haendeliennes de Joyce DiDonato
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Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : airs extraits de Serse, Teseo, Giulio Cesare, Admeto, Hercules, Semele, Imeneo, Ariodante, Amadigi. Joyce DiDonato, mezzo-soprano. Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset. 1 CD. Virgin Classics 50999 519038 2 4. Code-barre : 5099951 903824. Enregistré à Bruxelles au Théâtre Royal de la Monnaie en avril 2008. Qualité d’enregistrement : DDD. Notice de présentation trilingue (anglais, français et allemand). Durée : 75’08’’.
Virgin ClassicsSon CD de duos haendéliens avec la ravissante Patrizia Ciofi n'avait pas vraiment enthousiasmé, faute de susciter une véritable émotion et surtout d'échapper à une certaine monotonie. Dans ce récital solo, entièrement consacré à des airs de bravoure de Haendel, Joyce DiDonato montre un pouvoir d'expression autrement plus convaincant ce qui, pour un disque intitulé «Furore», semble être la moindre des choses.
En effet, la jeune Américaine excelle autant dans la vocalise déchaînée («Crude furie degl'orridi abissi» de Serse, «Morirò, ma vendicata» de Teseo, «Where shall I fly» de Hercules, par exemple…) que dans l'indignation et la douleur intériorisées («Scherza infida» d'Ariodante), ou encore dans le calme qui précède la tempête (on pense au sublime «Dolce riposo» de Teseo). La vocalise est ferme, juste et mordante, sans ostentation vulgaire, la voix est longue et homogène, le chant legato sur les longues phrases tenues est une pure merveille, notamment dans les airs lents et mélancoliques. Les notes graves, bien présentes, ne sont jamais excessivement appuyées, comme c'est souvent le cas lorsque ce répertoire est chanté par des vrais altos, et les notes aiguës sont triomphantes. On le voit, Joyce Di Donato possède toutes les qualités vocales requises pour rendre hommage au chant haendélien, autant dans certains rôles de castrat aigu (ceux de Carestini et de Caffarelli, généralement inaccessibles aux contre-ténors, plutôt que ceux écrits pour Nicolini ou Senesino…) que dans les rôles de mezzo-soprano (Déjanire, Junon, ou encore celui d'Alceste, écrit pour la Bordoni), voire même de soprano, comme cela est par exemple le cas pour la partie de Sesto, conçu par Haendel pour une Durastanti vieillissante. Joyce DiDonato n'a-t-elle pas, d'ailleurs, chanté en concert le rôle titre d'Alcina, alors que tout semblait la prédestiner pour être un des meilleurs Ruggiero de sa génération ?
Certains pourront ne pas aimer ce timbre quelque peu ambivalent, à la limite du soprano et du mezzo, mais qu'importe la nature de l'instrument quand l'interprétation est aussi juste et aussi mesurée… Pour ces airs qui alternent la retenue et l'emportement, Christophe Rousset et Les Talens Lyriques proposent un écrin proche de l'idéal, galvanisés par la force de conviction de la jeune cantatrice. Un disque qui rend pleinement justice à la force expressive de la musique du caro sassone célébré cette année. L'année 2009 commence plutôt bien.
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Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : airs extraits de Serse, Teseo, Giulio Cesare, Admeto, Hercules, Semele, Imeneo, Ariodante, Amadigi. Joyce DiDonato, mezzo-soprano. Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset. 1 CD. Virgin Classics 50999 519038 2 4. Code-barre : 5099951 903824. Enregistré à Bruxelles au Théâtre Royal de la Monnaie en avril 2008. Qualité d’enregistrement : DDD. Notice de présentation trilingue (anglais, français et allemand). Durée : 75’08’’.
Virgin Classics