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Ô mon bel inconnu, champagne millésimé 1933, cuvée Guitry & Hahn

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Rennes, Opéra. 29-XII-2008. Reynaldo Hahn (1874-1947) : Ô mon bel inconnu, comédie musicale en 3 actes sur un livret de Sacha Guitry. Mise en scène : Jean-Michel Fournereau. Décors : Eric Chevalier. Costumes : Frédéric Llinares. Lumières : Gilles Fournereau. Avec : Jean-Baptiste Dumora, Prosper Aubertin ; Edwige Bourdy, Antoinette ; Marianne Lambert, Marie-Anne ; Lara Neumann, Félicie ; Olivier Hernandez, Lallumette ; Virgile Frannais, Claude Aviland ; Valery Rodriguez, Jean-Paul ; Jean-Michel Fournereau, Xavier / Victor. Orchestre de Bretagne, direction musicale : Jean-Pierre Haeck.

C'est une bien agréable surprise que nous a réservée pour ces fêtes de fin d'année en mettant à l'affiche Ô mon bel inconnu, comédie musicale signée par et Sacha Guitry, et créée au Théâtre des Bouffes-Parisiens en 1933.

Il s'agit de la seconde collaboration des deux artistes, huit ans après le succès éclatant de Mozart, qui sera prochainement à l'affiche de l'Opéra de Tours. Amateurs de liqueurs fortes, passez votre chemin ! Cette œuvre n'est que champagne : aérienne, pétillante, spirituelle et finement mordorée. , le plus parisien des compositeurs français quoique né à Caracas, cultive le raffinement avec un charme mélodique hérité de son maître Massenet et une rare délicatesse de rythme et d'orchestration. Le texte porte assurément la griffe de Sacha Guitry et affiche une parenté certaine avec une pièce comme La Jalousie par exemple. Nous y retrouvons le même sens de la formule volontiers misogyne (Chez la femme, le vice est encore plus fragile que la vertu), les mêmes apartés complices et distanciés, la même verve réjouissante, le même équilibre entre le ridicule et la tendresse. Tous les ressorts du vaudeville sont gaiement convoqués pour le plus grand plaisir du spectateur et chaque personnage, croqué avec indulgence, appelle la sympathie car l'on perçoit, derrière l'humour, une profonde humanité.

signe une réalisation soignée, naturelle, alerte et précise, d'une franche gaieté mais sans jamais basculer dans la charge, parfaitement en place et parsemée d'heureuses trouvailles. Une direction d'acteurs au cordeau assure la fluidité et le rythme du spectacle, servie par des comédiens-chanteurs généreux et inspirés. Le metteur en scène peut de plus s'appuyer sur des éclairages soignés usant du clair-obscur avec un tact certain, ainsi que sur les décors élégants et poétiques dessinés avec un goût très sûr par Eric Chevalier, directeur artistique de l'Opéra-Théâtre de Metz qui coproduit le spectacle. Nous découvrons ainsi successivement un intérieur bourgeois au mobilier art nouveau, la boutique du chapelier et enfin la villa de Saint-Jean-de-Luz avec sa baie vitrée inondée de lumière et ouverte sur l'océan.

use de sa stature physique ainsi que d'un instrument sain et sonore dont il sait user avec délicatesse, pour camper avec entrain le chapelier Prosper Aubertin, tyran domestique oscillant entre ridicule et manipulation. Son épouse est incarnée par , bonne diseuse mais voix modeste, et sa fille par une jeune artiste québécoise, , fine musicienne qui joint au charme juvénile les agréments d'un soprano aux couleurs flatteuses. séduit par son élégance scénique et vocale dans le rôle de son soupirant, les deux jeunes gens nous gratifiant d'un très joli duo de l'alphabet. incarne la bonne, Félicie, avec beaucoup d'abattage et de fantaisie. Elle trouve des accents gouailleurs qui évoquent Arletty, créatrice du rôle, mais ne sacrifie jamais les impératifs du chant et révèle un joli soprano. Nous retiendrons encore les prestations scéniques de , dont la savoureuse composition de benêt fait rapidement oublier quelques incertitudes au niveau de l'intonation, et surtout de , irrésistible Lallumette, le confident muet s'exprimant par gestes et borborygmes, et qui découvre à la fin de l'ouvrage que ce qu'il ne peut dire, il peut en revanche le chanter, ce qu'il fait d'une voix qui peine pourtant à se libérer à l'exception d'un aigu conclusif claironnant. , enfin, charge d'humanité le propriétaire de la villa qu'il chante modestement mais agréablement.

Après une entrée en matière un peu brouillonne, assure un bon équilibre entre fosse et plateau et fait honneur à la subtilité de la partition. Nous retiendrons quelques moments de grâce comme le prélude du deuxième acte sur un rythme de valse nostalgique, l'air d'Antoinette qui suit à rideau fermé, tout en délicieuse hésitation, la troublante sensualité des cordes qui accompagnent Prosper au moment où son ami Lallumette le place face à ses ambiguïtés, ou encore le trio féminin éponyme dont la mélodie ne nous quitte plus. Les délicats intermèdes instrumentaux soulignent la qualité des solistes de l'Orchestre de Bretagne, qui dessinent leurs volutes sur un mœlleux tapis de cordes.

Ouvrage léger, Ô mon bel inconnu n'est pas pour autant un ouvrage facile, les numéros musicaux témoignant d'une réelle exigence. Tout est exquis sans être précieux et il faut bien du chic, sur scène comme dans la fosse, pour relever l'enjeu proposé par le compositeur et le librettiste. Avec cette production soignée dans les moindres détails, l'Opéra de Rennes nous démontre qu'il n'y a pas de genre mineur, tout au plus des mises en perspective indigentes. Ce n'est évidemment pas le cas ici, comme en témoigne l'accueil très enthousiaste réservé à tous les protagonistes aux saluts, gentiment chorégraphiés avec reprise du sextuor final et du trio féminin.

Crédit photographique : © (Antoinette), (Marie-Anne) ; (Prosper) © Laurent Guizard

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Rennes, Opéra. 29-XII-2008. Reynaldo Hahn (1874-1947) : Ô mon bel inconnu, comédie musicale en 3 actes sur un livret de Sacha Guitry. Mise en scène : Jean-Michel Fournereau. Décors : Eric Chevalier. Costumes : Frédéric Llinares. Lumières : Gilles Fournereau. Avec : Jean-Baptiste Dumora, Prosper Aubertin ; Edwige Bourdy, Antoinette ; Marianne Lambert, Marie-Anne ; Lara Neumann, Félicie ; Olivier Hernandez, Lallumette ; Virgile Frannais, Claude Aviland ; Valery Rodriguez, Jean-Paul ; Jean-Michel Fournereau, Xavier / Victor. Orchestre de Bretagne, direction musicale : Jean-Pierre Haeck.

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