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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : intégrale des symphonies. Présentations de Leonard Bernstein et Maximilian Schell. Gwyneth Jones, soprano ; Hanna Schwarz, contralto ; René Kollo, ténor ; Kurt Moll, basse. Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor (chef de chœur : Norbert Balatsch). Orchestre Philharmonique de Vienne, direction : Leonard Bernstein. Photographie : Yngve Mansvik, Peter Reimer. Audio : John McClure. Réalisation : Humphrey Burton. 3 DVD séparés Deutsche Grammophon 004400734497, 004400734498, 004400734499. Code barre : 044007344972, 044007344989, 044007344996. Filmé entre septembre 1977 et septembre 1979 au Musikverein, au Konzerthaus (Symphonie n°5) et au Staatsoper (Symphonie n°9), Vienne. Présentations en anglais. Sous-titrage en allemand, français, espagnol, chinois. Zone 0. Durée : 140’ ; 143’ ; 143’

 
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Ces enregistrements publics des symphonies de Beethoven par Bernstein et les Wiener Philharmoniker nous sont familiers : réalisés fin des années 70 à la fois en captation audio et en film, ils nous étaient déjà connus dès leur apparition en microsillon, support vinylite qui allait bientôt céder la place au disque compact.

Bien sûr, l'interprétation de du corpus symphonique beethovénien nous était déjà familière dans sa version antérieure et en studio avec l'Orchestre Philharmonique de New York (le chef américain avait même enregistré certaines symphonies plusieurs fois avec sa phalange new-yorkaise), mais il est évident que Bernstein avait approfondi sa conception beethovénienne entre-temps, et à l'instar d'un Karajan, il lui était impérieux d'en livrer le message arrivé à maturité dans son âme de musicien.

Les années de formation de coïncident avec la grande époque de Toscanini ; extrêmement doué, il a connu Bruno Walter et Serge Koussevitzky desquels il était l'assistant, et de ce dernier surtout il bénéficia du soutien et du parrainage qui le propulsa dans sa future carrière. Il n'est donc pas étonnant que planent à plusieurs reprises ces grandes ombres sur ses interprétations beethovéniennes : classicisme nerveux des deux premières Symphonies et tension extrême dans les autres, vie et dynamisme débordants de la Symphonie n°4, orage terrifiant de la Pastorale, Symphonie n°9 d'une intensité stupéfiante et déchaînée. Visions exaltantes et pleines de vie.

Bien évidemment on retrouve la plupart de ces caractéristiques new-yorkaises dans les interprétations viennoises, mais sublimées par les qualités instrumentales de l'orchestre (qui adorait Bernstein, et cela s'entend !), la présence du public et l'expérience humaine acquise par le grand chef. Au point de vue de la forme, il convient de souligner que contrairement à son lapidaire confrère Karajan, Bernstein effectue pratiquement toutes les reprises : seules manquent celle de la seconde citation du Trio du Scherzo Presto de la Symphonie n°7, celle du Finale Allegro con brio de cette même Symphonie, et la seconde reprise du Scherzo Molto vivace de la Symphonie n°9.

La Symphonie n°1 (1800), selon Bernstein, n'est «pas du tout une symphonie romantique : elle porte encore un costume haydnien, très XVIIIe siècle, et pourtant elle est différente. Le Menuet est transformé en Scherzo, et tout un siècle nouveau s'ouvre». Le chef parvient à en concilier les tendances apparemment contradictoires en une vision pleine d'esprit et de musicalité. La Symphonie n°2 (1802) affirme la personnalité de Beethoven par ses élans romantiques (le Larghetto), se différenciant de la n°1 par son «abondance d'idées frénétiques, d'élans et d'explosions». L'Introduction Adagio molto initiale de l'Allegro con brio est l'une des plus développée, et contient déjà en germe le thème principal du premier mouvement de la Symphonie n°9.

La Symphonie n°3 «Eroica» (1803) reçoit une interprétation grandiose culminant dans la Marcia Funebre, d'une profondeur rarement atteinte. Pour Bernstein, la Symphonie n°4 (1806) est la Symphonie «La Surprise» de Beethoven, le sombre mystère de l'Introduction Adagio de l'Allegro vivace ne laissant pas présager la fête et la joie à venir. Cette introduction est l'équivalent amplifié de celle de la Symphonie n°2. La célébrissime Symphonie n°5 (1808), dont Bernstein n'était pas satisfait de sa version new-yorkaise lourde et ampoulée, semble toujours être, dans sa version viennoise, légèrement inférieure au reste du cycle, par sa gravité et sa densité romantique très fin de (XIXe) siècle.

La Symphonie n°6 «Pastorale» (1808) reçoit une interprétation éblouissante et sereine – la beauté des timbres viennois est fabuleuse – et l'Orage reste toujours aussi terrifiant ! Pour la Symphonie n°7 (1812), Bernstein atteint des records karajanesques, puisqu'il ne la grava pas moins de quatre fois (en octobre 1958 et mai 1964 avec la Philharmonie de New York, en novembre 1978 à Vienne – la version actuelle – et lors de son ultime concert le 19 août 1990 avec le Boston Symphony), preuve qu'il y tenait tout particulièrement. Vigueur du discours, articulation intelligente et précise des rythmes, tout concourt à cette «apothéose de la danse» parfaitement dionysiaque. La Symphonie n°8 (1812) est pleine de vie mais n'échappe pas à une certaine lourdeur, Bernstein la considérant comme une œuvre «sérieuse» et non comme une «petite» symphonie.

Enfin la Symphonie n°9 (1824) dut avoir une signification toute particulière pour Bernstein, puisqu'il la dirigea à Noël 1989 dans un Berlin réunifié, remplaçant le mot «Freude» (joie) par «Freiheit» (liberté) pour l'occasion, et tant pis pour les puristes ! La paix, la joie triomphale et l'humanité emplissent la version viennoise qu'il nous propose ici, en des tempi souvent plus spacieux que de coutume (l'Adagio molto e cantabile est vraiment molto adagio en atteignant presque les 18 minutes…), et il serait bon que le genre humain en tire enfin, et définitivement, les enseignements ! …

Voici donc magnifiquement préservés en DVD le message humaniste beethovénien d'un grand musicien humaniste, . La qualité vidéo (initialement sur magasins de film 35 mm) est excellente, même si des différences de teintes marquent les diverses exécutions les unes par rapport aux autres : la différence est surtout sensible dans la captation de la Symphonie n°9, la seule effectuée à l'Opéra d'État de Vienne. La Symphonie n°5 fut enregistrée au Konzerthaus de Vienne, tandis que toutes les autres furent captées au célèbre Musikverein.

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