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Paris, Cité de la Musique. 05-XI-2008. Karlheinz Stockhausen (1928-2007) : Kontra-Punkte ; Mark André (né en 1964) : …es… ; Bruno Maderna (1920-1973) : Serenata n°2 ; Helmut Lachenmann (né en 1935) : Mouvement (-for der Erstarrung). Ensemble Intercontemporain, direction : Peter Rundel

Inscrit dans la thématique « 1945 », le concert de l' ce mercredi 5 novembre faisait revivre, à travers deux œuvres phares, l'esprit de Darmstadt, cette petite ville d'Allemagne qui, dès 1946, deviendra le ferment de la modernité musicale. S'y retrouveront chaque été, pour suivre des cours puis pour y enseigner, Stockhausen bien sûr, mais aussi Boulez, Bério, Maderna, tous ardents défenseurs du système sériel vécu alors comme une nécessité incontournable.

Historique donc, cet opus 1 de , Kontra-punkte (1953) qui débutait le concert. Mettant au défi le chef – remarquable – autant que les musiciens, l'écriture « constellatoire » de cette pièce d'un radicalisme sériel presque militant procède par éclats multiples sans autoriser le moindre interstice de silence. Une coda plus apaisée concède le seul instant de détente en focalisant peu à peu l'écoute sur le jeu perlé et élégant du pianiste .

Au programme également était inscrite une œuvre du compositeur vénitien qui fréquentera lui aussi les cours d'été de Darmstadt, adoptant l'écriture sérielle, certes, mais avec distance et modération. Jouant très malicieusement autour du chiffre 12, la Serenata n°2 pour onze instruments (1957), délicat hommage à la Sérénade de Schoenberg – elle procède également d'une suite de variations – nous enchante par son flux poétique et coloré prenant ici des allures de barcarolle. Tout ce qu'il y a d'incisif et de tendu chez Stockhausen se mue, sous la plume de cet hédoniste, en une mélodie de timbres pleine de charme et très finement conduite par le jeu en relais des instrumentistes déployant un geste presque théâtral.

Les deux pièces suivantes nous orientaient vers d'autres horizons sonores : celui de Mark André, d'abord, compositeur français résidant en Allemagne ; il a étudié auprès d' à Stuttgart et poursuit, dans sa lignée, un travail personnel sur le son toujours à la frontière du bruit avec cette subtilité et cette inventivité qu'il doit sans aucun doute à son maître.….es… pour ensemble mobilise deux pianos et fait appel à une gamme très riche de modes de jeu (dans les cordes du piano, avec ou sans l'embouchure des cuivres…) et d'accessoires divers (feuille d'aluminium, plectre, balle de caoutchouc, radio) avec lesquels André modèle à son désir l'émission et la résonance du son. Etrange et fascinante, l'œuvre oppose de manière paradoxale un discours très abrupt, presque sauvage, assénant de manière obsessionnelle des agrégats bruitistes et le raffinement extrême de son matériau qui captive l'écoute et nous immerge dans un processus de transformation continue.

Du disciple au maître…c'est avec que s'achevait l'ambitieux programme de ce concert. Mouvement (-vor der Erstarrung) – « avant d'être figé par la mort » – est une œuvre impressionnante dont , très investi dans sa direction, nous communique la tension expressive. L'œuvre alterne des instants de plénitude sonore très jubilatoire et des plages presque silencieuses, sorte de négatif de l'image précédente qui nous met à l'écoute d'un monde étrange et fantomatique aux sons soufflés et étouffés sollicitant des modes de jeu non conventionnels sur les instruments. Etonnant enfin, ce jeu de sonnettes au son impertinent placé au sein de l'ensemble – et sous la haute responsabilité de – pour révéler, nous dit le compositeur, « la face cachée du beau son ». Et d'ajouter : « Rien n'est plus constructif qu'une telle destruction ».

Crédit photographique : , pianiste de l' © Aymeric Warmé-Janville

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Paris, Cité de la Musique. 05-XI-2008. Karlheinz Stockhausen (1928-2007) : Kontra-Punkte ; Mark André (né en 1964) : …es… ; Bruno Maderna (1920-1973) : Serenata n°2 ; Helmut Lachenmann (né en 1935) : Mouvement (-for der Erstarrung). Ensemble Intercontemporain, direction : Peter Rundel

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