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Dijon, Auditorium. 09-X-2008. Franck Barcellini et Alain Romans : Mon oncle. Jean Yatove (1903-1978) : Jour de Fête. Charles Chaplin (1889-1977) : La Ruée vers l’or ; Les Feux de la Rampe. Bernard Herrmann (1911-1975) : Psychose. Nino Rota (1911-1979) : Le Parrain ; La Strada ; Huit et demi. Greco Casadesus (né en 1951) : Sept mouvements de vie. Camerata de Bourgogne, direction : Jean-Christophe Ferreaux
Camerata de Bourgogne
Une soirée musicale sous le signe du septième art à l'auditorium dijonnais en compagnie de la Camerata de Bourgogne, née en 1987 sous l'impulsion du trompettiste Thierry Caens. Et c'est Christophe Barratier, réalisateur des Choristes et de Faubourg 36, encore actuellement sur les écrans, qui prend la parole pour expliquer combien la musique de film l'inspire et l'importance de son rôle dans le message qu'un film veut faire passer. Il fait monter sur scène le compositeur de son dernier film (Faubourg 36) Reinhardt Wagner. Tous deux reçoivent une ovation.
La gaité propre aux films de Tati se retrouve dans les compositions de ses B. O. à l'instar de Mon oncle et de Jour de Fête qui ouvrent le bal. Dans ces deux partitions, Jean-Christophe Ferreaux souligne l'aspect humoristique avec parfois un peu trop de lourdeur. Mais l'ensemble reste convainquant, avec une légèreté et une délicatesse des pizzicati aux cordes qui séduit, de même que les interventions raffinées de la flûte et de la clarinette lors de leurs solos. A ce propos, saluons l'ensemble des interventions solistes de la camerata qui a su convaincre son public.
Le concert continue avec les deux musiques que Charles Chaplin avait composées pour ses films La Ruée vers l'or et Les Feux de la Rampe. Là encore le côté humoristique est bien présent et l'orchestre de bien faire ressortir l'opposition entre les parties legato et détachées. Un solo de violon, très expressif, accompagné par la harpe, précède une partie plus dansante sur rythme de habanera. De même, dans la seconde pièce, le côté expressif est bien marqué avant l'arrivée d'un thème sautillant, un solo de basson suivi d'une présentation de thème aux cordes aiguës avec un contrechant aux cordes graves, avant un accelerando final à l'orchestre dans son ensemble, doté d'une intervention intéressante des percussions.
Vient ensuite l'angoissante musique de Psychose. Qui a oublié la célèbre scène de la douche du célèbre film d'Hitchcock ? Ici, sans image, la musique reste menaçante avec ses accords répétés dissonants et détachés, ses accents marqués et inquiétants. Puis le thème legato tout aussi inquiétant. Sans oublier également le rôle du bruit de l'eau dans le film, avec un gros plan sur l'œil de la jeune femme assassinée… La Camerata a bien su faire rendre le côté menaçant et terrible de la situation. Rendons hommage aux cordes, dont les trémolos, les harmoniques et les pizzicati ont ici contribué à un effet saisissant.
Pour terminer cette première partie, trois pièces beaucoup moins angoissantes, toutes signées Nino Rota. Toutes aussi célèbres que le morceau d'Herrmann pour Hitchcock : le fameux thème du Parrain qui suit le célèbre solo de trompette initial avant d'aboutir sur un beau crescendo terminal sur fond de roulement de timbales parfaitement exécuté. Ce passage est d'ailleurs le plus abouti en matière d'amplitude sonore. Il est assurément plus expressif et plus achevé que dans les autres morceaux du programme. Puis la musique de la Strada, avec les pompes à l'orchestre et le solo de trompette ainsi que celui du marimba. Dans Huit et demi, le dynamisme de l'orchestre n'est plus à prouver. Cette célèbre musique aux accents proches du cirque clôt joyeusement cette première partie de concert sous les applaudissements chaleureux du public.
Sur scène, au-dessus de l'orchestre, un écran a été installé. La deuxième partie est en effet un concert d'images de Gréco Casadesus en hommage à Etienne-Jules Marey (1830-1904), cet ingénieur et savant qui inventa le mouvement cinématographique. Fondé sur des documents historiques de Marey, le film projeté sur l'écran est constitué de 7 parties, d'où son nom : Sept Mouvements de Vie :
-1. Prélude à l'histoire du cinéma. Un ostinato en croches soutient solidement l'ensemble aux cordes. Les images défilent, parfois de simples formes ombragées, parfois des êtres et parfois des acteurs de vie, de civilisation, à l'instar de rameurs, de personnages et d'animaux qui évoluent ensemble ou séparément. Le mouvement est évidemment au cœur de ce court petit film.
– 2. Ciseler le vol des oiseaux.
– 3. Les courbes
– 4. Se projeter dans le galop du cheval.
– 5. Observer la vie
– 6. Se ressourcer à la folie
– 7. Structurer le temps.
La musique, délicieusement surannée, prend ici toute sa signification, signification qu'elle n'avait pas lors de la première partie, puisqu'il lui manquait ce pour quoi elle avait été composée : l'image. Et si certaines partitions peuvent avoir une vie autonome, d'autres souffrent de cette amputation visuelle. La beauté des images alliée ici à un soutien musical bien réalisé et vivant a conforté le public dans son enthousiasme. Et le succès a été complet, avec quelques mots du compositeur pour remercier son équipe de travail cinématographique ainsi que les musiciens. En bis, le «prélude à l'histoire du cinéma» a été rejoué, une habile manière de… structurer le temps.
Crédit photographique : Greco Casadesus © DR
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Dijon, Auditorium. 09-X-2008. Franck Barcellini et Alain Romans : Mon oncle. Jean Yatove (1903-1978) : Jour de Fête. Charles Chaplin (1889-1977) : La Ruée vers l’or ; Les Feux de la Rampe. Bernard Herrmann (1911-1975) : Psychose. Nino Rota (1911-1979) : Le Parrain ; La Strada ; Huit et demi. Greco Casadesus (né en 1951) : Sept mouvements de vie. Camerata de Bourgogne, direction : Jean-Christophe Ferreaux