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Dijon. Auditorium. 05-X-2008. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°6 en fa majeur op. 68 « Pastorale ». Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour orchestre. Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Daniele Gatti.
Orchestre Royal du Concertgebouw d'Amsterdam
Il est convenu d'établir une filiation entre Beethoven et Bartók, tout d'abord parce que ce dernier n'a jamais caché l'admiration qu'il éprouvait envers son aîné, ensuite parce que comme lui, Bartók a toujours apporté beaucoup de soin à l'architecture de ses œuvres. Daniele Gatti a souhaité réunir ces deux œuvres majeures du répertoire symphonique qui s'inspirent d'un même sujet : les rapports de l'homme avec la nature. La mise en parallèle n'est plus stylistique, elle devient thématique, et ce n'en est pas plus facile pour autant. Si ce propos est sous-jacent dans toute l'œuvre de ces grands musiciens, la conception même de la nature est bien différente chez chacun d'entre eux, évidemment. Ce rapprochement, qui peut sembler être un postulat anecdotique, va permettre au chef d'orchestre et à la remarquable phalange que forment les musiciens du Concertgebouw de nous offrir une version originale et surtout cohérente de ces pièces très connues du répertoire symphonique.
Daniele Gatti propose dans son interprétation de cette Symphonie Pastorale de suivre un parcours initiatique à travers la contemplation apaisée de la nature et les réjouissances terrestres dans un monde paisible et sécurisant, avant de se trouver confronté à la force terrible de la nature déchaînée. Après cette épreuve, l'homme peut s'abandonner dans l'extase de la reconnaissance envers une Divinité créatrice et bienveillante. Tout se termine alors dans une paix retrouvée avec la dernière apparition du thème principal enfin épuré de ses variations. La gestique du chef est absolument remarquable, elle exprime à la perfection ce cheminement : fluide, minimaliste dans les deux premiers mouvements et au début du troisième, elle devient impérieuse et nerveuse pour l'orage et presque exultante à la fin. Les tempi choisis peuvent parfois paraître lents, notamment au début du troisième mouvement, mais à notre avis ils sont parfaitement justifiés par sa vision d'ensemble de l'œuvre.
Le Concerto pour orchestre ressemble peut-être à un patchwork ; pourtant la même cohésion anime ses cinq mouvements que ceux de la Pastorale et finalement Bartók tire la même conclusion que son aîné. La vie nous propose bien des moments agités (premier mouvement), des moments plus drôles et plus superficiels (giuocco delle coppie, mouvement servi par de merveilleux solistes), des moments de tendresse ineffables (elegia), des retours sur le passé (dans l'intermezzo, avec une allusion à Tchaïkovski) et une irruption de la modernité (les fanfares américaines des deux mouvements suivants). Mais in fine c'est la danse populaire qui exprime le mieux l'énergie vitale.
Cette profession de foi, réflexion d'un homme qui tire le bilan de sa vie, nous pouvons la faire nôtre grâce au magnifique travail de l'orchestre : l'expressivité tant physique que musicale des vents, et la discipline remarquable des cordes au jeu tantôt fluide et tantôt énergique, servent magnifiquement le propos des deux compositeurs. Aujourd'hui nous avons été comblés car un concert, c'est le régal espéré des oreilles, mais c'est aussi le plaisir de voir un orchestre vivre la musique.
Crédit photographique : © Ludwig Schirmer
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Dijon. Auditorium. 05-X-2008. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°6 en fa majeur op. 68 « Pastorale ». Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour orchestre. Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Daniele Gatti.