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Paris. Hôtel de Soubise. 24-VII-2008. Ludwig van Beethoven (1770- 1827) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano en si bémol majeur op. 11 ; Max Bruch (1838- 1920) : Pièces pour clarinette, violoncelle et piano op. 83 ; Vincent d’Indy (1851- 1931) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano en si bémol majeur op. 29. Olivier Patey, clarinette. Christian-Pierre Lamarca, violoncelle. Romain Descharmes, piano.
Festival Européen Jeunes Talents 2008
Au cœur du Paris historique, le festival Jeunes Talents s'évertue depuis huit ans à distinguer ceux qui compteront demain sur la scène nationale et internationale. Porté par une vocation européenne, le festival a vu se succéder des artistes d'horizons culturels divers (Shanghaï, Belgrade, Moscou, Vienne, Munich…), en solistes ou en formation de chambre.
A en juger par le concert de ce soir, cette manifestation n'a rien à envier à ses consœurs, ni pour le cadre ni pour la programmation. La cour intérieure des Archives Nationales offre une acoustique propice et son aura mystérieuse alimente l'imaginaire. Quant au trio français de ce soir, ses membres sont précédés de quelques hauts faits sur des scènes prestigieuses, à New York comme à Osaka, dans de nombreux festivals, et sont lauréats de concours renommés : ARD de Munich, Concours International Carl Nielsen (1er prix en 2005 pour Olivier Patey), Concours international de piano de Dublin, prix du Concours international d'Osaka au Japon … Ce sont autant leurs qualités individuelles que leur fibre de chambristes qui confirment la pertinence de leur présence.
Leur collaboration est une première et la magie opère. Dans Beethoven, ils se retrouvent dans le souci du détail, de la couleur, des retenues… La singularité de chaque phrasé et de chaque nuance participe à un rendu de l'œuvre au piqué photographique. Le toucher du piano, son articulation dans le legato, les fins de phrases habitées, précises ou encore le lyrisme des passages chantés illustrent, au-delà de la maîtrise technique, leur recherche d'artistes. La jeunesse n'est pas leur véritable point commun mais bien leur aspiration à une authenticité expressive et stylistique.
Partition transcrite pour clarinette de la main du compositeur, le trio de Bruch favorise nettement deux solistes à travers plusieurs épisodes lyriques. La fraîcheur ardente, l'éloquence et la maturité expressives du violoncelle y trouvent un terrain sur mesure. Tout comme le timbre éthéré de la clarinette dans des legato tendus en apesanteur, où le son surgit du néant pour y retourner avec autant de délicatesse. Aucune démonstration de force dans cette interprétation aussi intense que sobre et dans laquelle le jeu savoureux du violoncelle et les sonorités célestes de la clarinette se nourrissent mutuellement.
Avec Vincent d'Indy, le trio accède au pittoresque. Là encore, outre une assurance moins rôdée, les trois semblent s'amuser dans les changements de climats et pimentent les dialogues et traits rapides d'une complicité ludique.
La jeunesse musicale est vivace, fougueuse et pleine de talent. Quand le mécanisme people guette la vie culturelle française, il est heureux et nécessaire qu'un festival parisien fasse place à ceux qui ont besoin de se faire connaître pour s'affirmer. A ceux sur qui l'on compte pour demain.
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Paris. Hôtel de Soubise. 24-VII-2008. Ludwig van Beethoven (1770- 1827) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano en si bémol majeur op. 11 ; Max Bruch (1838- 1920) : Pièces pour clarinette, violoncelle et piano op. 83 ; Vincent d’Indy (1851- 1931) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano en si bémol majeur op. 29. Olivier Patey, clarinette. Christian-Pierre Lamarca, violoncelle. Romain Descharmes, piano.