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C'est dans le cadre de la soirée d'inauguration des Designers's Days 2008, que la maison Pleyel a présenté en avant-première, ce 12 juin, la toute dernière création surgie du nouvel atelier de Saint-Denis et placée sous le beau label de Voie Lactée.
Manifestation de cinq journées dont la création remonte à 2001, les Designers's Days (thème de cette session : « matière et couleur ») mettent en scène de façon gaiement audacieuse les toutes dernières tendances en matière de création visuelle, au gré de deux parcours – Rive Droite et Rive Gauche. Aussi, cette participation inédite d'un fabricant d'instruments de musique à un événement culturel très contemporain en agrémentait-elle singulièrement la saveur, mariant la musique aux arts décoratifs et dotant le royaume du design de la flatteuse sujétion du piano. Cependant, rien de vraiment inédit pour Pleyel dans cette rencontre avec l'univers du design contemporain ; bien plutôt le désir de renouer avec la grande tradition des Arts décoratifs si fructueuse au long des années 30, époque où les plus illustres « ensembliers décorateurs » du temps, Jacques-Émile Ruhman, Pierre Legrain, René Herbst, Paul Follot, René Prou… mettaient déjà leur ingéniosité et leur inventivité au service de l'instrument-roi.
Dans le grand foyer, à la suite du propos liminaire de bienvenue confié à Hubert Martigny, président de la prestigieuse maison, le public était convié à écouter Andrée Putman, auteur du graphisme de « Voie Lactée », rendre un compte précis de sa conception intrépide, dirigée par l'impérieuse nécessité d'innover : « Il fallait avoir le cœur bien accroché pour se lancer dans cette aventure inédite, pour laquelle il était possible de tout oser. Si Voie Lactée est différent de ses cousins, c'est parce que j'ai senti depuis longtemps une impatience dans le monde de la musique et une soif insatiable de perfection. » Le piano en question, véritable vedette de la soirée, trônait à quelques pas de là, dans la rotonde de la salle, les talentueux pianistes Yves Henri et Philippe Walter ne se faisant pas faute d'en éveiller les plus délectables échos, sollicitant aussi bien le génie élégiaque de Chopin que la trépidante dynamique de célèbres standards de jazz.
L'esthétique de notre moderne Voie Lactée n'est pas sans évoquer (surtout pour ceux qui ont en mémoire la ligne magnifique du modèle P 204, dont il a conservé la boîte d'harmonie) l'univers de la boîte musicale. Une fois ouvert, son couvercle – précisément de type « boîte à musique » – offre au regard un intérieur bleu nuit peint à la main et paré d'une précieuse constellation d'étoiles et de points cardinaux en nacres incrustées, le bâton de couvercle et le pupitre étant habillés d'un damier noir. D'une longueur de 2, 17 m, il offre, parmi d'autres caractéristiques, une table d'harmonie et cadre en laqué noir brillant, une mécanique aux feutres de couleur bleu nuit, un pied arrière de style Louis XV, un accastillage en acier nickelé et une lyre fuselée en acier nickelé. Au piano est jointe une banquette numérotée et signée Andrée Putman, au capitonnage en flanelle grise et aux manettes de réglage présentées sous forme de boules de cristal.
Au total, un enchantement pour le musicien comme pour l'amateur de beau mobilier, un rêve destiné aux yeux aussi bien qu'aux oreilles. Un rêve qui, bien sûr, a son prix : 89. 000 € pour le modèle de la série illimitée, 200. 000 € pour la version luxueuse laquelle, usant de matériaux rares, ne sera distribuée qu'à huit exemplaires.