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Hugo von Montfort ( 1357 – 1423), Les Lieder. Eberhard Kummer, Chant, harpe celtique et vièle à roue. 2 CD + DVD ORF 3011 LC 11428. Code barre : 9004629313900. CD : Enregistrement : bibliothèque, Kartause Mauerbach, mai 2007, DDD. Texte original en haut allemand ; traduction en allemand et en anglais. DVD : juillet 2007. Film : Bernhard Trebuch. Production : Eberhard Kummer. Texte parlé par E. Kummer sur DVD, non traduit. 2 CD : 49’35 et 40’45. DVD : circa 60’

 
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A l’heure où l’enseignement de la lyrique allemande est, dans l’universoité française, en voie de disparition, bienvenu est ce rare et précieux témoignage de la production germanique de la fin du XIVème siècle et du début du XVème siècle, réalisé à l’occasion de l’anniversaire de la naissance d’Hugo de Montfort. Outre la force et la beauté des textes et des mélodies, il a pour nous un double intérêt : d’abord, il met en évidence le fait qu’il existe un lyrisme en langue vernaculaire typiquement germanique, enraciné dans la mémoire de ses origines, c’est-à-dire l’époque de Charlemagne. (alors que les premiers textes littéraires français en langue vulgaire ne datent que de la fin du Xe siècle) ; ensuite que cette langue, celle du chant profane comme du chant religieux, a l’avantage d’être compréhensible par tous : en effet, ces chants appartiennent à une tradition à la fois populaire et aristocratique, sans cet élitisme propre aux pays latins, voir cet hermétisme considéré comme signe de l’excellence d’une production artistique. Même si la lyrique courtoise a contribué à la naissance du Minnesang, cette culture poético-musicale est à la fois le fruit d’un passé des plus riches et la racine de ce qui vont être aussi bien le chant profane allemand, populaire ou non (cette distinction, on l’a compris, n’a guère de sens), que les mélodies d’inspiration religieuse des siècles suivants.

Issu de la haute noblesse, Hugo, originaire de Bregenz, joue un rôle politique de premier plan, notamment au service des Habsbourg, participant à de nombreuses expéditions militaires avant de devenir gouverneur de Styrie. Il aurait été présent au Concile de Constance. Il laisse 38 poèmes, conservés dans le magnifique manuscrit de Heidelberg (Pal. Ger. 329) parmi lesquels les dix pièces qui nous sont ici proposées, qui ont été mises en musique par un membre de sa suite, Bürk Mangolt (1380 – 1430) qu’il aurait fallu mentionner en couverture.

La poésie d’Hugo de Montfort est strophique, parfois dialoguée. Elle annonce étrangement celle du romantisme allemand et de nos chers Lieder avec, par exemple, le motif de l’Abenddämmerung (crépuscule), de l’Erwartung (l’attente), ou encore, inhabituel à l’époque, , celui de la mer déchaînée des passions, précurseur du Sturm und Drang. Et on entend déjà la voix du Voyageur : « Ich reise über die Wogen des leidvollen Meeres (Je voyage sur les vagues de la mer de souffrance). On retiendra surtout l’importance qu’y prend le veilleur, personnage emprunté aux chansons d’aube du Moyen-Age français, où le guetteur doit réveiller les amants avant la venue du mari jaloux (Ainsi de Brangäne dans Tristan et Isolde de Richard Wagner). Ici, il s’agit d’une voix intérieure, celle de la conscience tourmentée qui invite au repentir. Le chant d’amour profane n’implique pas l’adultère comme dans la poésie courtoise mais célèbre l’épouse bénie par Dieu ; une poésie méditative, donc, et d’une haute inspiration dans sa simplicité.

La musique, monodique, syllabique, est également simple et forte, légèrement ornée en début de vers, non sans référence au chant grégorien, composée dans le mode phrygien et surtout dorien. Elle fait penser à des mélopées sans âge, « uralt » et universelles, sans distinction d’écriture entre le religieux et le profane. Elle envoûte, à des années lumière de l’Ars subtilior dont elle est contemporaine.

L’interprète, E. Kummer, chercheur à l’Université de Vienne, s’est spécialisé dans la chanson populaire non sans avoir enregistré le Nibelungenlied et nombre de Minnesänger tel Oswald von Wolkenstein et Hans Sachs. Il met une voix chaude au service d’un texte qu’il livre avec rigueur et ferveur. Le DVD le montre assis sur un muret, en costume traditionnel, face aux montagnes ; il nousexplique avec un délicieux accent de terroir, pourquoi il préfère la harpe dite celtique, plus mélodieuse, à la Schnarrenharfe, trop percutante, de l’époque de Mangolt, celle dit-il, qui figure sur le fameux tableau de la Vierge au rosier de Stephan Lochner (Musée de Cologne). Les mélodies de Mangolt n’étaient sans doute pas ou peu accompagnées. Si Kummer utilise la vielle à roue, c’est essentiellement pour avoir une assise mélodique et rythmique, le texte étant difficile à mettre en place. Entreprise remarquable qui doit faire des émules. On aimerait une traduction résumant ces propos sur le DVD.

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Hugo von Montfort ( 1357 – 1423), Les Lieder. Eberhard Kummer, Chant, harpe celtique et vièle à roue. 2 CD + DVD ORF 3011 LC 11428. Code barre : 9004629313900. CD : Enregistrement : bibliothèque, Kartause Mauerbach, mai 2007, DDD. Texte original en haut allemand ; traduction en allemand et en anglais. DVD : juillet 2007. Film : Bernhard Trebuch. Production : Eberhard Kummer. Texte parlé par E. Kummer sur DVD, non traduit. 2 CD : 49’35 et 40’45. DVD : circa 60’

 
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