Duo de tourtereaux haendéliens

Nuria Rial et Lawrence Zazzo sont deux des principaux solistes d'un enregistrement récent de Riccardo Primo Re d'Inghilterra de Haendel, paru chez le même éditeur et chroniqué il y a peu dans les pages de ResMusica.

Ce ravissant CD confirme ainsi les immenses qualités vocales et musicales de deux jeunes artistes au talent prometteur, et surtout le délicat mariage de deux voix dont les subtiles harmoniques semblent, comme déjà dans l'intégrale de l'opéra, s'unir et se compléter idéalement.

Saluons tout d'abord l'originalité du programme, qui permet de mettre en valeur des pages des opéras haendéliens relativement peu connues. Même si tous les opéras représentés bénéficient désormais d'enregistrements intégraux relativement récents, il ne s'agit tout de même pas, pour une fois, des morceaux les plus rabâchés. L'alternance d'airs, de duos et de pièces instrumentales qui nous est proposée ici permet notamment de rompre la monotonie qui se dégageait, par exemple, du remarquable disque de duos enregistré il y a quelques années par Patrizia Ciofi et Joyce DiDonato. Les morceaux ont en effet été choisis de manière à refléter la multiplicité des formes et des affects dans laquelle excelle généralement Haendel. Loin de n'être qu'une longue succession de roucoulement amoureux, cette sélection présente toute la panoplie des émotions que peuvent ressentir deux amants : extase, espoir mais aussi jalousie, feinte et désaccord, quand il ne s'agit pas carrément de franche dispute. Mais qu'on se rassure, il y a également des duos de réconciliation…

Nos deux jeunes chanteurs semblent à l'aise dans tous les registres et comblent l'auditeur autant par la qualité intrinsèque de leur chant que par l'imagination de leur caractérisation. Peut-être pourra-t-on trouver que le contre-ténor sait davantage colorer sa voix, le soprano de Nuria Rial manquant parfois d'audace interprétative, comme le fait par exemple apparaître l'air de Rodelinda « Ritorna, o caro et dolce mio tesoro ». À la tête du Kammerorchester de Bâle, Laurence Cummings conduit son monde avec conviction, sinon grande originalité.