Dukas, le temps de l’affirmation II

Edité simultanément au coffret Œhms, ce présent album Telarc propose, fort heureusement, un fini technique et interprétatif d'un tout autre niveau. La qualité éditoriale du livret avec, deux essais, dont un, passionnant, du chef Leon Botstein, est déjà un sérieux plus.

Chef plutôt fidèle des grandes fresques romantiques et des opéras de Strauss, Botstein se rapproche ici bien plus d'une certaine noirceur allemande que de l'école française. Mais sa direction souple et tactile est à l'écoute des chanteurs et de la construction dramatique de l'œuvre. Dans tous les cas, le chef évite le piège de la lourdeur et de la « romantisation » à l'excès. L'orchestre de la BBC, professionnel à souhaits comme les phalanges londoniennes, enfile sans problème, les habits nécessaires à cette musique et le chef peut s'appuyer sur une formation homogène avec un très beau galbe des cordes et une grande précision des cuivres et des vents.

Côté vocal, les satisfactions sont nombreuses. Moins réputée que Polaski, Lori Philips possède les qualités vocales requises avec une belle fraîcheur et amplitude de sa voix. La nourrice de Patricia Bardon est un peu plus problématique avec un vibrato un peu fatiguant et trop de neutralité vocale. Les autres rôles sont tenus avec compétence et probité, avec une mention spéciale à la jeune française Daphné Touchais, seule et vaillante francophone de la distribution qui fait merveille dans le rôle de Mélisande.

La prise de son Telarc est, comme toujours, fidèle en réalisme et dynamique. En l'absence de la version Erato dirigée par Armin Jordan, ce présent coffret s'impose comme la nouvelle référence discographique. Après le magnifique disque autour de sa musique pour piano, paru chez Calliope, Dukas est bienheureux « discographiquement » ces derniers temps et c'est tant mieux !