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La Leningrad de Günther Herbig

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Liège. Salle philharmonique. 07-III-2008. Dimitri Chostakovitch (1906-1975)  : Symphonie n° 7 en do majeur op. 60 « Leningrad » ; Orchestre Philharmonique de Liège, direction : Günther Herbig

Chostakovitch 7 – OPL

Bien qu'elle ne soit pas la plus brillante symphonie dans l'œuvre de Chostakovitch, la « Leningrad » captive toujours autant les auditoires. En témoignait ce vendredi le public venu nombreux pour goûter à la narration musicale d'un siège de plus de neuf-cent jours par les forces allemandes sur la ville natale du compositeur. Le contexte qui a vu naître cette partition avait tout pour garantir le succès de celle-ci : insistant pour rester à Leningrad avant d'être finalement évacué et composant une symphonie à la gloire de sa patrie et de son incroyable ténacité face aux assauts nazis… Cette œuvre ne pouvait qu'enthousiasmer le monde musical ! Chostakovitch compose très vite, entre juillet et décembre de l'année 1941 et voit sa musique triompher en Russie avant que la partition ne gagne les Etats-Unis sous forme de microfilm. Créée par Toscanini (les grandes baguettes américaines se sont toutes bousculées pour gagner l'opportunité de créer cette œuvre) en 1942, la symphonie sera jouée pas moins de soixante-deux fois sur la seule saison 1942-1943 tandis que la radiodiffusion achève de faire de cette partition un succès mondial.

Quelques jours après avoir interprété avec l'OPL un programme entièrement consacré à Haydn, retrouve une œuvre qu'il connait en profondeur pour l'avoir enregistrée avec l'orchestre Symphonique de la Radio de Saarbrücken (Berlin Classics). Le chef d'orchestre nous offre une lecture admirablement structurée et pertinente sur son intégralité. Le premier mouvement et son célèbre thème de « l'invasion » séduit par ses ensembles rutilants où l'orchestre transforme la mélodie empruntée à la Veuve Joyeuse de Lehar en une effrayante machine de guerre. Dans ces pages évoquant fortement le Boléro de Ravel, notons une petite déception quant à l'entrée de la petite caisse. Le tempo plutôt rapide demandé par le chef d'orchestre associé à l'acoustique réverbérante de la salle a provoqué une sensation de flottement plutôt dérangeante dans les premières mesures où les musiciens ont peiné à se rassembler. L'orchestre va néanmoins rapidement nous reconquérir, les différents pupitres se montrant très attentifs à la direction du chef qui parvient à obtenir de l'orchestre des dynamiques extrêmes sans jamais sacrifier à la beauté du son ou à l'intelligibilité des détails.

Après ce déluge de décibels, le second mouvement apparait réconfortant par sa rythmique dansante et le très beau solo de hautbois magnifiquement interprété par . Cette atmosphère sereine bascule via un air grinçant scandé par la petite clarinette. Celle-ci manquait hélas de projection au contraire de la clarinette-basse, aux phrasés ronds et envoutants.

L'adagio permet aux bois de sculpter un choral bouleversant avant un tutti de cordes évoquant des atmosphères proches de Gustav Mahler. Les cornistes se montrent vaillants dans les épisodes plus nerveux, formant un ensemble remarquablement juste et précis et nous offrant de beaux moments jusqu'au dernier mouvement, directement enchainé. mène alors son orchestre vers une victoire finale éclatante : le vigoureux thème joué par les cordes initiant la symphonie est repris par les cuivres dans un dernier élan grandiose.

Le public ne s'est pas trompé en réservant une grande ovation à également applaudi par l'ensemble des musiciens, visiblement enchantés par le fruit de cette collaboration.

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Liège. Salle philharmonique. 07-III-2008. Dimitri Chostakovitch (1906-1975)  : Symphonie n° 7 en do majeur op. 60 « Leningrad » ; Orchestre Philharmonique de Liège, direction : Günther Herbig

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