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Paris. Salle Pleyel. 26-III-2008. Leonard Bernstein (1918- 1990) : Symphonie n°1 « Jeremiah » ; Anton Bruckner (1824- 1896) : Symphonie n°7. Rinat Shaham, mezzo- soprano. Orchestre de Paris, direction : Christoph Eschenbach.
En écho au très controversé choix d'Israël comme pays invité au Salon du Livre de Paris cette année, l'Orchestre de Paris a mis au programme ce soir la première symphonie de Leonard Bernstein. Une lettre ouverte aux contemporains indécis ou incrédules de la Seconde Guerre Mondiale.
Brève, composée de trois mouvements aux noms invoquant le sacré (Prophecy, Profanation, Lamentation) la Symphonie dite Jérémie avec mezzo-soprano est créée en 1944. Elle témoigne avec une puissance corrosive du désespoir de la communauté juive face à la tragédie qui, outre-atlantique, est à peine crue. L'intensité expressive du chant de Rinat Shaham, soutenue par un quatuor à la cohésion exceptionnelle, jette une lumière crue sur la fatalité qui émane des vers bibliques tirés des Lamentations de Jérémie. «De tous ceux qui l'aiment nul ne la console/ Tous ses amis (…) sont devenus ses ennemis». Telle une sève incandescente, la révolte intérieure prépare son jaillissement dans le chant et la parole. Une œuvre troublante, écrite pour sortir le public de sa quiétude.
En faisant le choix de la Symphonie n°7 d'Anton Bruckner en seconde partie, c'est le deuxième orchestre parisien que Pleyel reçoit avec cette œuvre. Pour une version de moindre intérêt, malheureusement. L'orchestre aurait pourtant les ressources nécessaires à cette production colossale malgré une évidente remise en question des cuivres. Les tempi larges et empesés ont déstructuré l'harmonie entre les pupitres et n'ont favorisé aucun élan vers le sublime. N'est pas Celibidache qui veut. Les traits statiques, frôlant le scolaire, n'ont toutefois pas eu raison de l'empressement de l'ensemble ni de sa sonorité soutenue. Un dosage déficient des plans sonores a laissé les cuivres s'emporter dans des démonstrations de force brute où les violons masquaient le thème des violoncelles, … et l'unité stylistique, inexistante, s'est réfugiée dans de majestueux plans sonores fortissimo. Ni l'orchestre, ni Bruckner n'auront vraiment trouvé ce soir, chaussure à leur pied.
Crédit photographique : Rinat Shaham © Devon Cass
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Paris. Salle Pleyel. 26-III-2008. Leonard Bernstein (1918- 1990) : Symphonie n°1 « Jeremiah » ; Anton Bruckner (1824- 1896) : Symphonie n°7. Rinat Shaham, mezzo- soprano. Orchestre de Paris, direction : Christoph Eschenbach.