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Caligula de Nicolas Le Riche : Anti-péplum

Pour son premier grand ballet d'une soirée, créé en octobre 2005 et repris ici pour la première fois, , superbe danseur étoile, fait preuve d'une piètre inventivité dans le vocabulaire gestuel et chorégraphique, à la fois pour les solistes et pour le corps de ballet.

Son Caligula, scindé en cinq actes pour une durée totale d'une heure et vingt minutes, est d'une grande pauvreté dramatique et chorégraphique. Le thème de Caligula, inspiré par Suétone, est sombre et peu romanesque, il est vrai, même si le ballet a pour ambition de révéler la face la plus fragile du tyran que fut l'empereur romain en incarnant les différentes étapes de sa marche vers la mort.

Pour l'illustrer, a choisi une partition qui ne sert ni la danse, ni le propos. Les quatre saisons de Vivaldi sont en effet éloignées de la description à la fois martiale et onirique de l'empire romain que nous propose le chorégraphe. Entre chaque acte, des interludes sur une musique électronique de Louis Dandrel forment un écrin pour la pantomime un peu glaçante du personnage de Mnester, incarné par . Entremêlant musique électronique et pages de Mozart, Angelin Preljocaj avait été nettement mieux inspiré en créant Le Parc pour cette même compagnie. De même, la vision orgiaque et décadente de la Rome antique par dans Péplum est infiniment plus riche et plus imaginative que cette vision figée de la cour de Caligula.

disposait pourtant d'une compagnie de grand talent, injustement sous-exploitée ici, à la fois techniquement et dramatiquement. Avec ses faux airs de Noureev, surtout dans l'abandon et dans la mort, Nicolas Le Riche n'a même pas veillé à se préserver pour lui-même quelques solos intéressants. Quelques pas de deux témoignent cependant de la grande harmonie physique qui règne entre le danseur étoile et sa partenaire , incarnant la Lune. Dans le rôle du sénateur Chaerea, , vieillissant, compose un exécuteur crédible, tandis que compense par sa présence hiératique la faiblesse de sa partie chorégraphiée. D'autres chorégraphes néoclassiques français, comme Jean-Christophe Maillot ou Thierry Malandain seraient certainement en mesure de mettre en scène des créations rendant un plus juste hommage et un meilleur emploi à la compagnie.

Crédit photographique : © Anne Deniau

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