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Jean-Baptiste Marino, un concert exceptionnel pour un nouvel album qui se fait attendre

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Paris (Les Lilas). Le Triton. 15-III-2008. Minera ‘Azulejos’, Alegrias ‘Rota’, Tango, Bulerías ‘Dias y Noches’, Fandango de Huelva ‘Mi Niña baila’, Bulerías ‘A mi vera-Nunca te Olvidaré’, Taranta, Alegrias ‘Lo ke llevo dentro’, Ballade ‘Mare Mediterraneo’, Rumba ‘La Pulsera’, Alegrias, Bulerías ‘Las Hermosas’, Bulerías-Siguiriya, Bulerías. Jean-Baptiste Marino, guitare ; Cristo Cortés, chant ; Pablo Gilabert, chant ; Isabel Pelaez, chant et danse ; Jean-Christophe Maillard, saz ; Miguel Sanchez, cajon.

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proposait ce soir un concert dans le cadre de la sortie de son nouvel album Marino. Les aléas de la fabrication ont privé le public de ce nouveau disque mais cela n'a pas empêché d'offrir à un public venu nombreux un concert d'exception mélangeant des pièces de son album précédant à celles de son nouveau disque qui devrait être disponible dans les bacs avant la fin du mois. Comme à son habitude, ouvre le concert seul. Une minera bien connue des amateurs introduisit l'alegrias ‘Rota' sous les palmas de Cristo Cortés et Pablo Gilabert. Un jeu dès le début clair et précis. Une introduction prometteuse.

Le tango qui suivit, très traditionnel, permit d'entendre un échange entre les deux chanteurs et ainsi de constater la très forte différence de style et de timbre de Cristo Cortés et Pablo Gilabert. La fougue, voire la rage, du premier face à la délicatesse et la rondeur du second. Un bel exemple montrant que le flamenco peut avoir des interprètes totalement opposés dans leur approche sans pour autant dénaturer le style. Jean-Baptiste Marino soutint avec brio le chant clouant au pilori les mauvaises langues lui reprochant parfois de faire une musique trop personnelle sortant d'un style mélodique très traditionnel. Ici, pas de surprise dans les falsetas ni dans le compas de base du tango mais une puissance de jeu et une clarté digne des meilleurs accompagnateurs. Près d'un quart d'heure d'envolées dans le plus pur style gitan. La buleríasDias y Noches‘ est la première pièce de son futur album présentée à cette soirée. Cette bulerías est incroyable, mettant à l'épreuve le guitariste dans toutes ses ressources. Tout y est : picados, alzapuas, rigueur du compas, exigence technique, rasguados toujours aussi détachés et clairs. Rien à dire, le jeu de Jean-Baptiste Marino a encore pris de l'assurance. Le public ne s'y est pas trompé, les ovations fusèrent.

Le fandango de Huelva qui suivit, extrait du futur album Marino, nous permit de retrouver l'audacieux guitariste à l'élaboration musicale novatrice. Avec ses gammes en arpèges, cette pièce ne laisse pas souffler le musicien qui va même, chose rare, à la limite de la touche de son manche dans des aigus peu communs mais qui apportent une couleur nouvelle des plus mélodieuse malgré le rythme soutenu.

Retour en terrain connu avec un por bulerías mélangeant les deux présentes dans l'album A mi Vera. Outre Isabel Pelaez au chant soutenu par Cristo Cortés, nous eûmes droit à de très beaux échanges entre la guitare de Jean-Baptiste Marino et, tantôt le saz de Jean-Christophe Maillard, tantôt le cajon de Miguel Sanchez. Un plaisir pour les oreilles et pour les yeux que cette complicité qui lie les musiciens, une symbiose parfaite sur un rythme vif que seules des années de travail commun et de respect mutuel peuvent rendre aussi fluides et naturels.

Une fin de première partie qui laissa le public heureux d'être présent. Les superlatifs ne manquaient pas à l'entre acte. Des moments comme ceux-là sont rares et tout le monde en avait conscience.

C'est par une taranta que commença la seconde partie. Pablo Gilabert et Jean-Baptiste Marino, seuls, nous présentèrent ce palo libre avec authenticité, sans fioritures inutiles. Le concert se poursuivit par une nouvelle alegrias. De très belles falsetas pour ce compas gai et enjoué avant le calme et la douceur de la ballade ‘Mare mediterraneo‘ dans une version originale où le chant de Cristo Cortés et de Jean-Christophe Maillard ajoutèrent une touche de nostalgie. ‘La Pulsera' est une rumba que l'on a toujours plaisir à entendre. Sortant un peu de la caricature rythmique habituelle, Jean-Baptiste Marino et ses musiciens s'amusent tout autant dans ce palos festifs. Cristo Cortés était à l'honneur pour l'alegria qui suivit. Toujours aussi investi lorsqu'il n'est pas envouté par son propre chant, il démontra, une fois de plus, qu'il est l'un des meilleurs cantaores français. Après un tel investissement, on se demande comment il peut continuer à chanter. Il paraissait d'ailleurs épuisé au sortir de cette démonstration d'excellence.

Puis vint la très mélodique buleríasLas Hermosas' qui servira d'accroche au nouvel album. Elle a d'ailleurs fait l'objet d'un clip qui sera aussi présent sur ‘Marino‘ et qui est visible sur le site du guitariste. Encore la démonstration de l'inventivité du guitariste et de ses prises de risques tant techniques que mélodiques. Une fois de plus, Jean-Baptiste Marino utilise tout le manche de son instrument jusqu'aux dernières notes possible sur la touche. De belles couleurs rehaussées par les voix de Pablo Gilabert et Isabel Pelaez.

Miguel Sanchez se fait toujours discret au cajon. Donnant juste l'impulsion nécessaire pour soutenir les différents palos. Mais lorsque son tour est venu pour introduire la dernière pièce du concert, il fait montre d'une grande connaissance de son instrument et d'une maitrise technique rendant à la percussion ses lettres de noblesse. Le plaisir qu'il a à jouer est d'autant plus agréable qu'il est communicatif. Au terme de l'envolée de ses doigts sur la caisse de son cajon, nous eûmes enfin droit à la danse d'Isabel Pelaez sur une siguiriya. Le sourire la quittait peu et le public était conquis par le charme qu'elle déployait et la fougue de sa danse. Une fin de concert qui laissait tous les musiciens épuisés et le public ravis. Une petite fiesta por bulerías en rappel avec, en clin d'œil, une introduction à la guitare sur le thème d'Almoraima du maître Paco de Lucia.

Un concert comme un moment rare. Un flamenco de très haute facture, un Jean-Baptiste Marino au sommet de sa forme accompagné de musiciens qui n'avaient rien à lui envier. Seule déception du public, l'absence de ce troisième album au sortir de la salle. Soyons sûr que tous surveilleront leur disquaire.

Crédit photographique : © H&V. Reboussin

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