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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 09-III-2008. Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, prélude acte I ; Wesendonk Lieder. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°1 en ré majeur « Titan ». Mihoko Fujimura, mezzo-soprano ; Symphonieorchester Des Bayerischen Rundfunk, direction : Mariss Jansons
Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Quelques mois après sa précédente visite parisienne, le magnifique Orchestre de la Radio Bavaroise était de retour au Théâtre des Champs-Élysées, à nouveau sous la direction de son chef en titre, le letton Mariss Jansons, dont le contrat vient d'ailleurs d'être renouvelé. Sage décision, car lorsqu'on tient un chef de cette qualité, ce qu'ont montré avec éclat, s'il en était encore besoin, les deux concerts parisiens, on ne le laisse surtout pas filer sous d'autres cieux !
Ce que les transports maritimes britanniques (l'orchestre était à Londres la veille) avaient peut-être compris, déclenchant une grève qui faillit retenir tout le matériel de l'orchestre chez la Perfide Albion, menaçant ainsi la tenue du concert parisien (il en fut de même la veille pour le LSO à Dijon). Il s'en est fallu de peu ! Mais cela a quand même empêché les musiciens de répéter et d'effectuer les ultimes réglages in situ, leur matériel n'étant arrivé que quelques minutes avant de début du concert. C'est donc « à froid » et avec trente minutes de retard sur l'horaire, qu'ils ont entamé le sublime prélude de l'acte I de Lohengrin. Et immédiatement, malgré les impondérables, la magie de ce début pianissimo a opéré, cordes et cuivres rivalisant d'excellence. La sonorité « naturellement » wagnérienne de l'orchestre faisait merveille, tout comme la conduite de la grande ligne qui a permis au chef de jouer tout ce prélude dans un seul souffle, culminant sur son célèbre climax central impeccablement réalisé. Si c'est là le niveau de routine de cet orchestre, chapeau bas.
Comme à Munich les 6 et 7 mars et à Londres la veille, la mezzo-soprano japonaise Mihoko Fujimura interprétait ensuite les Wesendonk Lieder. Le concert de Munich ayant été diffusé en direct sur France Musique, nous avions pu constater alors l'excellente tenue de cette interprétation, mais qu'en serait-il sans l'artifice des micros ? Nous fumes vite rassurés, la voix, certes un peu plus claire que les grandes tragédiennes wagnériennes habituelles, emplissait sans problème la salle, tout en gardant une remarquable qualité d'articulation et de phrasé. Maris Jansons réussissait à animer son accompagnement sans jamais couvrir la chanteuse, lui offrant un tissu orchestrale de luxe, où, après avoir admiré les cordes et les cuivres, nous ne pouvions que remarquer que les bois aussi savaient rudement bien leur Wagner. Le public fut conquis et réserva un sincère et mérité triomphe à la chanteuse.
Si Munich et Londres eurent un concert « tout Wagner », Paris a eu droit à la Symphonie n°1 de Mahler, œuvre sans doute plus spectaculaire et immédiatement jouissive que des extraits d'opéra de Wagner (quoique !), mais comment résister à son final. Nous avions eu la chance d'assister l'an passé à une autre exécution de cette même symphonie par Jansons, à Berlin avec la Philharmonie qui nous avait laissés pantois. Près d'un an après, l'exceptionnelle qualité d'exécution est toujours là, avec un caractère un peu différent donné par le chef, un premier mouvement moins pastoral qu'à Berlin, des contrastes de tempo plus creusés, mettant plus encore en exergue les passages joyeux qui devenaient ainsi presque exubérants (autant que possible pour du Mahler ! mais n'oublions pas qu'au moment où il écrivait cette symphonie, le compositeur n'était pas encore frappé par les malheurs qui allait assombrir ses futures années et une grande partie de sa musique). On sentait également un peu plus d'ironie dans l'interprétation, en particulier dans les deux mouvements médians. Et le Sturmisch bewegt, comme on s'y attendait, fut enthousiasmant. Alors certes, le niveau du concert berlinois restait un cran au dessus (la qualité acoustique de la salle y jouant son rôle, notre TCE ne pouvant rivaliser de ce point de vue avec la Philharmonie berlinoise), mais la performance de ce soir n'est vraiment pas loin, et déjà une classe au dessus de ce que nous avons entendu cette saison, à l'exception de cette mémorable Symphonie n°7 de Bruckner le 29 novembre dernier, comme par hasard par les mêmes interprètes.
Crédit photographique : © Reuters / Scanpix
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