Plus de détails
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Concertos pour piano n°24 en ut mineur KV491 ; n°13 en ut majeur KV415. Martin Helmchen (piano) & L’Orchestre de Chambre des Pays-Bas, direction : Gordan Nikolić. 1 CD + DVD Pentatone Référence PTC 5186 305. Code barre : 8 27949 03056 7. Enregistré à la Philharmonie de Haarlem en avril 2007. DDD. Texte de présentation : français, anglais, allemand. Durée : 60’13
PentatoneLa tonalité d'ut mineur et le sentiment de grandeur tragique qui lui est associé ont amené parfois à considérer le Concerto pour piano n°24 de Mozart (1786) comme annonçant le Concerto n°3 de Beethoven (1800).
Plutôt que de souligner cette filiation dont l'idée fit son chemin dans l'esprit de certains théoriciens du progrès en Art, l'interprétation de Martin Helmchen et l'Orchestre de chambre des Pays-Bas dirigé par Gordan Nikolić replace l'œuvre dans le contexte du classicisme viennois, lors de ses premières et heureuses affirmations peu après 1780, en se penchant davantage sur les qualités discursives du texte. Différemment sollicité, celui-ci révèle un drame humain et terrestre s'éloignant de la dimension métaphysique qu'ont pu en donner d'autres lectures. Le monologue intérieur qui tendait au dépassement des conflits de l'âme laisse place à la voix d'une confidence, aspirant par ses accents touchants, à l'ultime consolation d'une délivrance. Caractérisée par le raffinement et la délicatesse, et capable de restituer les inflexions les plus douloureuses avec une admirable pudeur, la sensibilité très personnelle du jeune pianiste se remarque d'emblée dans une respiration accentuant l'expression immédiate des affects. Bien que s'opposant au grand arc tendu avec la Grâce du détachement par Walter Gieseking, elle le rejoint néanmoins sur la voie d'un esthétisme rédempteur. L'orchestre des Pays-Bas est le complice idéal, se montrant incisif ou empathique plutôt qu'enclin à faire résonner les manifestations d'une volonté surhumaine. Si elles ne peuvent encore suffisamment l'armer pour affronter les orages de Don Giovanni, son ardeur et sa sincérité savent atteindre déjà leur juste mesure lui permettant d'être en accord avec cette présence.
Le caractère enjoué du Concerto en ut majeur ne nuit pas à sa proximité avec l'œuvre « majeure » en mineur. S'ouvrant lui aussi dans la nuance piano, il présente dans l'autre contexte, l'autre mode, le même esprit de conquête de nouvelles possibilités formelles et expressives. Ce concerto concrétise de façon réussie l'idée de satisfaire à la fois les connaisseurs et les amateurs, justifiant ainsi cette fausse contradiction d'y faire cohabiter des passages traités en contrepoint avec des apparences de pure virtuosité et de légèreté. Apparences dont Helmchen assume le caractère séduisant avec d'autant plus de brio qu'il sait l'auditeur d'aujourd'hui capable de dépasser cette première impression.
La créativité triomphe dans l'éclat de l'affirmation dionysiaque du premier mouvement avant de culminer dans le finale dont la forme rondo, a priori innocente, abrite un théâtre de ruptures, de réminiscences et de troublantes irruptions, rappelant l'univers étrange de Carl Philipp Emanuel Bach dans son Concerto en ut mineur Wq 43, 4 (1771). L'apparition à deux reprises de cette tonalité dans le finale du Concerto n°13 amène à une autre conscience du temps, remémorant ou annonçant la puissante construction du Concerto n°24, selon l'orientation du jeu de miroir favorisé par l'engagement d'interprètes pleins d'esprit.
Plus de détails
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Concertos pour piano n°24 en ut mineur KV491 ; n°13 en ut majeur KV415. Martin Helmchen (piano) & L’Orchestre de Chambre des Pays-Bas, direction : Gordan Nikolić. 1 CD + DVD Pentatone Référence PTC 5186 305. Code barre : 8 27949 03056 7. Enregistré à la Philharmonie de Haarlem en avril 2007. DDD. Texte de présentation : français, anglais, allemand. Durée : 60’13
Pentatone