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La Rondine, le spectacle est dans la salle

En ouverture d'une saison qui suit l'année civile, la Fenice de Venise affichait La Rondine.

Le metteur en scène transpose l'action de l'opéra du Second Empire vers les années 1950. Ce qui n'éclaire pas vraiment le statut des « demi-mondaines » que sont Magda et ses amies et les raisons pour lesquelles la première ne se sent pas digne de devenir la femme de l'honnête Ruggero, à cause de son propre passé de femme légère. Pour le reste, la transposition fonctionne sans problème.

Le salon de Magda devient un confortable appartement parisien de l'époque envisagée, le bal chez Bullier, un bal musette où même les passes rock'n roll des danseurs au deuxième acte parviennent à s'intégrer à la musique de Puccini ! La sophistication des décors des deux premiers actes contraste avec la simplicité de celui du dernier acte, dont la scénographie se réduit à une petite toile peinte figurant un fond de ciel, ce qui s'expliquera à la fin : lorsque Magda abandonne le seul homme qu'elle ait jamais aimé, la toile s'effondre pour laisser place au fond nu de la scène, de même que tout s'écroule pour Ruggero.

La distribution n'appelle pas l'enthousiasme du public malgré une attention générale portée à la diction ainsi qu'au jeu scénique. Maria Luigia Borsi, avec une voix peut-être un peu lourde pour le rôle, maîtrise difficilement l'extrême aigu de la tessiture de Magda et laisse échapper un important vibrato. Le chant de son Ruggero, , ne fait pas preuve de plus de finesse. Les deux amoureux, sans charme au II, font attendre le dernier acte pour gagner en justesse et devenir un couple d'opéra réellement émouvant.

Le second couple est quant à lui beaucoup plus accompli et assorti. Sandra Pastrana est une délicieuse Lisette, pleine d'abattage, à la voix certes encore un peu verte mais pleine de promesses. , ténor aussi juste que drôle, interprète le rôle du poète Prunier avec évidence. Autour d'eux, les amies de Magda, les amis de Ramabaldo (le parfait ) et le majordome sont bien en place. présente quant à lui une belle lecture de cet ouvrage atypique de Puccini, avec une direction lyrique et rythmée. Les quelques réserves que nous avons mentionnées n'expliquent toutefois qu'en partie la grande froideur du public, mais peut-être le spectacle était-il plus dans la salle où se côtoyaient des spectateurs masqués et costumés en ce temps de carnaval vénitien que sur la scène de la Fenice.

Crédit photographique : Maria Luigia Borsi (Magda) & © Michele Crosero

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