Ironie onirique

En Vol

En Vol est un embarquement pour un monde onirique mystérieux. A peine entrés dans la salle, les spectateurs sont interrogés par la commandante de bord sur leurs rêves les plus intenses. Toutes les réponses sont soigneusement notées sur des petits papiers. Et puisque nous voyons un pavé suspendu dans le ciel, d’apparence aussi légère qu’une plume, ne sera-t-il pas possible aussi que nos rêves se réalisent ? Pas certain, car soudain, dans un bruit fracassant, le pavé va tomber par terre, et les papiers seront éparpillés sur le sol prêt à être ramassés dans un sac poubelle.

Les membres de l’équipage sont au nombre de cinq. Deux femmes, un couple aux allures clownesques, sont là pour nous divertir et pour tenter de donner un peu de gaîté sur cette scène où la pénombre et les couleurs sombres dominent. Musicalement, ils sont accompagnés par un altiste. C’est en vain que l’on attendra une certaine douceur de vivre de sa part, car le son, de son instrument, prend rapidement des allures de guitare électrique déchaînée. Même constat avec le vidéaste : les cinq lignes dessinées sur une feuille ressemblent d’abord à une portée musicale, mais point d’harmonie. Dans une rage frénétique, le dessin se transforme en un horrible gribouillis.

Les seuls vrais moments de rêve gracieux sont ceux que des personnages venus d’ailleurs nous inspirent. Grâce à la magie de la vidéo, ils défilent sur le dos d’une chaise puis sur grand écran. Ils nous racontent, en plusieurs langues, les envies et désirs compatibles avec la simplicité de leur vie quotidienne. Il y est question de famille, de bords de mer, de football, ou d’un simple sourire. La tonalité funèbre du spectacle prend pourtant rapidement le dessus. La vidéo s’arrête, et aura comme seule réponse ce cri : « Il y aura toujours la guerre ! ».

Aussi, quand on nous explique, plus tard, qu’il s’agit d’une fête, les spectateurs ne peuvent s’empêcher de rire, car personne n’y croit mot. En fait, l’envol représenté ici ressemble plutôt à une descente, et même parfois à une descente aux enfers. Qu’est-ce que donc un rêve ? Rien du tout ? Ou bien, un cauchemar ?

Voilà donc un spectacle guère réjouissant. Mais malheureusement, pas inutile pour autant… Loin de là…

Crédit photographique : © DR