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Giulio Cesare in Egitto à La Monnaie : Mais comment font-ils ?

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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 28-I-2008. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Giulio Cesare in Egitto, opera seria en trois actes sur un livret de Nicolas Francesco Haym. Mise en scène : Karl-Ernst et Ursel Herrmann ; décors, costumes et lumières : Karl-Ernst Herrmann. Avec : Lawrence Zazzo, Giulio Cesare ; Danielle de Niese, Cleopatra ; Tania Kross, Tolomeo ; Christianne Stotijn, Cornelia ; Anna Bonitatibus, Sesto ; Luca Pisaroni, Achilla ; Dominique Visse, Nireno ; Lionel Lhote, Curio. Freiburger Barockorchester, direction : René Jacobs

Dans un récent article, nous évoquions les peines récentes de l'opéra baroque qui de Bruxelles à Amsterdam, subissait les sortilèges peu inspirés des scénographes. Fort heureusement ce Giulio Cesare, importé d'Amsterdam, montre qu'avec du talent et de l'intelligence, il est possible de transcender une œuvre sans y plaquer un message hors de propos, tout en respectant les différents sens du style baroque ; le tout dans une vision « moderne ».

Créé à Amsterdam en 2001 et invitée à Bruxelles, par , le directeur du théâtre de La Monnaie, ce spectacle montre encore une fois le génie illimité de Karl-Ernst et , ce couple hors de commun et virtuose de la mise en scène. Certes, à l'image de Robert Wilson, leur vocabulaire scénique est connu : espace blanc, longs manteaux doubles faces, contrastes noirs-blancs, références à l'histoire de l'art, subtilité des éclairages, mais à chaque fois la magie opère et plonge l'œil dans une rêverie éperdue. Dans un décor unique blanc d'où émergent une sorte de champs de plumes blanches, les Herrmann imposent une vérité scénique absolument confondante de simplicité et d'évocations. Les personnages sont caractérisés avec naturel et simplicité alors que certains accessoires stylisent intelligemment une Égypte moderne essentiellement à travers les masques des figurants. L'humour n'est pas absent de cette vision à travers certaines scènes entre Tolemeo et Achilla ou avec les interventions décalées de Nireno. A tout moment, et pour notre plus grand bonheur, le second degré flirte avec le premier degré, dans cette vision que l'on peut qualifier de légendaire.

Vocalement, ce spectacle alterne les versions pour contre ténor et alto, et chacune des deux distributions propose au spectateur le meilleur du meilleur actuel en matière de chant baroque. Déjà remarqué à La Monnaie, Lawerence Zazzo est un Cesar absolument renversant avec son timbre fin et léger et sa technique hors pair. Promue comme la nouvelle diva, , emporte tout sur son passage avec ses aigus faciles et une haute virtuosité vocale. La jeune est une Cornelia simple et touchante alors que Tania Kross campe un Tolomeo magistral d'engagement et de subtilité. Annoncée souffrante, , enlève pourtant avec conviction et musicalité, le rôle de Sesto. Un grand luxe avait été apporté aux « petits rôles » : avec (excusez du peu !) : , et notre compatriote .

Dans la fosse, le grand , fait briller de mille feux un en forme olympique. Sous sa battue touchée par la grâce (et accessoirement par le bic noir qui lui sert de baguette), la musique de Haendel s'impose comme un festival de couleurs et de lumières. Il faut saluer les prestations des deux cornistes Teunis van der Zwart et Bart Aerbeydt qui rivalisent de virtuosité lors de leurs interventions sur scène.

Après la Calisto de Cavalli, mise en scène par le regretté et l'Orfeo de Monteverdi selon , ce Giulio Cesare in Egitto s'impose comme une des plus grandes réussites baroques de ces dernières années à La Monnaie et sous la conduite de . C'est peu dire qu'on espère retrouver bientôt cette production immortalisée, pour l'Histoire, sur DVD.

Crédit photographique : © Bernd Uhlig

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Bruxelles. Théâtre Royal de La Monnaie. 28-I-2008. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Giulio Cesare in Egitto, opera seria en trois actes sur un livret de Nicolas Francesco Haym. Mise en scène : Karl-Ernst et Ursel Herrmann ; décors, costumes et lumières : Karl-Ernst Herrmann. Avec : Lawrence Zazzo, Giulio Cesare ; Danielle de Niese, Cleopatra ; Tania Kross, Tolomeo ; Christianne Stotijn, Cornelia ; Anna Bonitatibus, Sesto ; Luca Pisaroni, Achilla ; Dominique Visse, Nireno ; Lionel Lhote, Curio. Freiburger Barockorchester, direction : René Jacobs

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