Fête des belles voix 2008 : découverte de talents
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Cologne. Opernhaus. 26-I-2008. Fest der schönen Stimmen (Fête des belles voix). Airs et extraits d’opéras de Gioacchino Rossini (1792-1868), Gaetano Donizetti (1797-1848), Giuseppe Verdi (1813-1901), Francesco Cilea (1866-1950), Alfredo Catalani (1854-1893), Giacomo Puccini (1858-1924) et Johann Strauss (1825-1899). Avec : María José Siri, soprano ; Tamara Klivadenko et Regina Richter, mezzos ; Guillermo Dominguez, ténor et Alexey Markov, baryton. Orchestre symphonique de la WDR de Cologne. Direction : Mikhail Jurowski.
C'était sa soirée. Une voix de soprano richement timbrée, au médium charnu et à l'aigu lumineux, une chanteuse des plus engagées et une interprète étonnamment mature pour le stade de sa carrière : María José Siri.
Soprano uruguayenne âgée d'à peine 30 ans, elle a été la grande star de la Fête des belles voix 2008, rendez-vous annuel, organisé par l'Association des Amis de l'Opéra de Cologne. En Traviata, Gilda, Wally et Rosalinde (La Chauve-Souris), elle a charmé le public qui a salué chacune de ses prestations d'une véritable ovation.
Cette année pourtant, la Fête des belles voix a été différente des éditions précédentes. Au lieu d'inviter une ou deux vedettes de renommée internationale, les Amis de l'Opéra de Cologne voulaient présenter de jeunes talents en faisant venir les finalistes du concours « Competizione dell'Opera » de Dresde en 2006. Nous avons pu découvrir ainsi – à part María José Siri – Tamara Klivandenko et Alexey Markov. Dante Alcalá étant souffrant, il a été remplacé par Guillermo Dominguez.
Sur la prestation de ce dernier, nous préférerions nous taire. Avec une voix petite, à l'émission étroite et serrée et à l'aigu poussif, il a massacré les airs de Macduff et de Cavaradossi ainsi que les extraits du IIIe acte de Rigoletto, y compris « La donna è mobile » et le fameux quatuor. Nous avons été impressionnés en revanche par les moyens d'Alexej Markov qui a présenté des extraits de La Favorita, Rigoletto et Un bal masqué. Vrai baryton verdien par la couleur du timbre et l'arrogance de l'émission, il a fait délirer la salle avec des aigus particulièrement insolents. S'il parvient encore à peaufiner son phrasé et à améliorer le placement de la voix dans le piano, il devrait faire une grande carrière. Son début au Met de New York d'ailleurs aura lieu dans quelques semaines. En ce qui concerne l'opulence des moyens le jeune Russe a été suivi de très près par sa compatriote Tamara Klivandenko. Dans des extraits de La Favorita, Rigoletto, Adriana Lecouvreur et La Chauve-Souris, elle a exhibé une voix de mezzo typiquement slave, puissante et sombre, de sorte que l'on lit avec étonnement qu'elle interprète à Brême des rôles tels que Cherubino et Cenerentola. S'il elle a fait preuve, même en concert, d'un talent scénique indéniable (Orlovsky !), ses interprétations vocales ont été encore assez sommaires. En outre, elle devrait travailler son aigu, souvent très ouvert et forcé.
Mais peut-être a-t-elle écouté attentivement sa jeune collègue Regina Richter dont les formidables prestations au sein de la troupe de Cologne ont été récompensées de la médaille Offenbach 2008. En guise de remerciement, Richter a chanté un air de Rosina (Le Barbier de Séville) rien moins que parfait : voix homogène sur toute la tessiture, vocalises éblouissantes, aigu flamboyant et, en plus, une verve et un charme à ravir.
Dommage qu'elle ait dû lutter contre l'accompagnement lent, voire lourd de l'orchestre de la radio de Cologne sous la baguette de Michail Jurowski. Faisant sonner l'ouverture de la Pie voleuse comme celle de Rienzi et Rigoletto comme Der Freischütz, le chef ne s'est libéré qu'en dernière partie, dans les extraits de la Chauve-Souris. Mais au moins, la soirée s'est ainsi terminée dans la plus grande joie.
Crédit photographique : © Andrea Marzker
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Cologne. Opernhaus. 26-I-2008. Fest der schönen Stimmen (Fête des belles voix). Airs et extraits d’opéras de Gioacchino Rossini (1792-1868), Gaetano Donizetti (1797-1848), Giuseppe Verdi (1813-1901), Francesco Cilea (1866-1950), Alfredo Catalani (1854-1893), Giacomo Puccini (1858-1924) et Johann Strauss (1825-1899). Avec : María José Siri, soprano ; Tamara Klivadenko et Regina Richter, mezzos ; Guillermo Dominguez, ténor et Alexey Markov, baryton. Orchestre symphonique de la WDR de Cologne. Direction : Mikhail Jurowski.