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Avignon. Eglise Jean-XXIII. 20-I-08. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Domine Deus. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : Prélude, Polonaise, Badinerie. Georg Frideric Haendel (1685-1759) : Affanni del pensier. Franz Schubert (1797-1828) : Du bist die Ruh ; Ich grolle nicht. Robert Schumann (1810-1856) : Traümerei. Frédéric Chopin (1810-1849) : Variations. Arvo Pärt (1935-) : Spiegel im Spiegel. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Sérénade valse. Béla Bartók (1881-1945) : Danses roumaines. Maurice Ravel (1875-1937) : Kaddish. Erik Satie (1866-1925) : Gymnopédie. Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : Whither must I wander. Johan Svendsen (1840-1911) : Romanze. Odile Bruckert, flûte et chant ; Kertin Elmqvist, violoncelle et piano.

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Concert sur la paix

Le récital de dimanche soir a été original à plus d’un titre, d’abord par sa relative confidentialité – on était loin de la somptuosité d’une salle d’opéra – et tout autant par sa genèse. Il y a à peine plus de trois ans, l’église Jean-XXIII, octogone de béton dans les « quartiers » d’Avignon, avait été victime d’un incendie malveillant, qui avait contraint la petite association paroissiale à assumer des travaux importants, l’église ayant été construite après 1905 elle n’est donc pas propriété de l’Etat. Par ailleurs, le hasard a voulu que, le jour même du sinistre, la présidente de cette association assistât, dans un village au pied du Ventoux, à un concert donné par Odile Brucker, flûte solo à l’OLRAP (Orchestre Lyrique de région Avignon-Provence). Signe du destin ? Un projet a donc mûri, en même temps que la flûtiste créait successivement deux « spectacles » en duo avec une autre artiste, autour du Prophète de Khalil Gibran puis sur le thème de l’amour. Voilà en place tous les éléments du récital.

Ce dimanche en fin d’après-midi donc, le troisième projet, sur le thème de la paix, a pris la forme d’un récital, dans une église Jean-XXIII dont le dernier coup de balai après travaux avait été donné la veille ! Le soir qui descendait doucement autour de cette église, entre immeubles et rocade, plantée de cyprès (on est en Provence), en faisait vraiment un havre de paix, comme à l’abri de tous les soubresauts du monde.

Odile Bruckert et Kertin Elmqvist, avec flûte et voix pour l’une, violoncelle et piano pour l’autre, ont célébré la paix à travers textes et musiques empruntés à toutes les spiritualités. Haendel, Bartók, Ravel ou Schubert, mais aussi quelques beaux extraits récités de Prévert ou de Hikam (sagesse soufie), ont chanté l’espérance en un monde pacifié, espérance que le public a intériorisée pleinement, dans un silence « habité », donnant ainsi à la méditation toute liberté pour se prolonger sans coupure, avec une belle cohérence.

Le violoncelle a souligné la gravité du propos, alors que la flûte donnait à certains morceaux, comme la Sérénade Valse de Chostakovitch, si connue pourtant, et si souvent « massacrée », une fraîcheur et une allégresse inattendues. Et quelle virtuosité, quelle inspiration – au double sens du terme -, dans les Variations de Chopin à la flûte, au point que le public et même la pianiste, subjugués, en ont oublié… de ne pas applaudir : un triomphe à vous couper le souffle ! Et la voix d’Odile Bruckert, si rarement entendue, souple, « ondoyante et diverse » selon l’expression de Montaigne – dans un tout autre contexte -, veloutée, est vraiment tissée pour la musique sacrée, gospel ou mélodie judaïque (comme le magnifique Kaddish de Maurice Ravel).

On souhaite entendre plus souvent ce duo, qui prépare dans ses rêves bien d’autres partages musicaux avec le public.

Crédit photographique : © G. AD.

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