La Scène, Opéra, Opéras

Relecture redoutablement efficace du Rake’s Progress par Robert Lepage

Plus de détails

Instagram

San Francisco. War Memorial Opera House. 4-XII-2007. Igor Stravinsky (1882-1971) : The Rake’s Progress, opéra en 3 actes sur un livret de W. H. Auden. Mise en scène : Robert Lepage/ Sybille Wilson. Décors : Carl Fillion. Costumes : François Barbeau. Lumières : Etienne Boucher. Avec : William Burden, Tom Rakewell ; Laura Aikin, Anne Trulove ; Kevin Langan, Trulove ; James Morris, Nick Shadow ; Catherine Cook, Mother Goose ; Denyce Graves, Baba the Turk ; Steven Cole, Sellem. Chœur du San Francisco Opera (chef de chœur : Ian Robertson). Orchestre du San Francisco Opera, direction : Donald Runnicles.

Instagram

Pour qui connaît son cinéma, cette nouvelle co-production (Bruxelles, Londres, Lyon, Madrid, San Francisco) du Rake's Progress d' se déguste à la petite cuillère.

Les clins d'œil, citations, renvois et autres références au VIIe. art abondent, saupoudrant ainsi, de péripétie en péripétie, un récit alerte et coloré, astucieux, robuste et sensé, gros de mille gags, de mille idées nouvelles (la caravane gonflable de la star, ces enchères autour de la piscine de Tom… sa fortune lui aura permis d'acquérir cette magnifique villa de Beverly Hills ou Bel Air), et qui vous transporte, de scène en scène, des déserts colorés de l'Ouest américain (sans oublier ses puits de pétrole d'où sortira Nick Shadow) à l'Hollywood des années 50. Tout ceci tourné en cinémascope, bien entendu. Au petit jeu, toujours un peu stupide, il est vrai, des trouvailles et découvertes, signalons, et nous en avons raté, Giant (cette superbe maison néo-victorienne miniaturisée des Trulove où cohabitent également, sans aucun doute, Elizabeth Taylor, Rock Hudon et James Dean), Red Garters, Destry Rides Again, Sunset Boulevard, (une Baba la Turque qui se prend pour Gloria Swanson), The Snake Pit, One Flew Over the Cuckoo's Nest. , soutenu par Sybille Wilson, explique, explicite, en creusant le texte de W. H. Auden, confronte Don Juan et Faust, et prouve à l'envi qu'une relecture peut être redoutablement efficace. Les costumes, de couleurs crues, typées (le lupanar de Mère l'Oie), les éclairages, si bien affûtés, participent pleinement de ce Rake, admirablement articulé, admirablement bouclé.

Un plateau homogène et convaincant tient en haleine : Le Tom Rakewell de , voyou, racoleur, affiche une vitalité, un optimisme à la Candide (pourquoi pas ? lorsque l'on joue son immortalité aux cartes contre le Diable et que l'on gagne !) et accumule scéniquement les bons points. La voix, juvénile et fraîche (plus un aigu fougueux, un timbre exquis) regorge de qualités… oublions les quelques intonations douteuses des premières interventions. campe une Anne naïve et suffisamment amoureuse, sensible et spontanée. La voix, jeune et ravissante, accroche (l'aigu est un peu mince, il est vrai, mais il est émouvant et finalement efficace). Bouillant, viril, le Nick Shadow de crève l'écran. Le personnage est senti, jusqu'à l'os. Ce Diable, qui ne manque ni d'énergie… ni de charme, agrippe dès les premières mesures, fascine, et nous tient captif jusqu'à la leçon finale. La voix demeure solide et vigoureuse, le timbre chaud, le grave élégant et… sensuel. Sa scène du jeu de cartes sera l'un des grands moments de la soirée. Denyce Graves, à la barbe fleurie, hystérique, grande dame, farouche, burlesque, mature, donne à Baba un poids que n'avait peut-être pas prévu Stravinsky (en 2000, ici même, le rôle était tenu par Brian Asawa, seul homme, avec John Ferrante – Boston, 1967, bénédiction du compositeur- à avoir jamais « joué » Baba). Mention très bien pour le Trulove de Kevin Langan, toujours aussi fiable, pour la Mère L'Oie de , superbement captée. L'orchestre, soucieux du détail, chambriste, gomme, quand il le peut, le métronomisme de Stravinsky, pour privilégier la mélodie et le charme. En conclusion : une fort belle réussite.

Crédit photographique : © Terrence McCarthy

(Visited 162 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

San Francisco. War Memorial Opera House. 4-XII-2007. Igor Stravinsky (1882-1971) : The Rake’s Progress, opéra en 3 actes sur un livret de W. H. Auden. Mise en scène : Robert Lepage/ Sybille Wilson. Décors : Carl Fillion. Costumes : François Barbeau. Lumières : Etienne Boucher. Avec : William Burden, Tom Rakewell ; Laura Aikin, Anne Trulove ; Kevin Langan, Trulove ; James Morris, Nick Shadow ; Catherine Cook, Mother Goose ; Denyce Graves, Baba the Turk ; Steven Cole, Sellem. Chœur du San Francisco Opera (chef de chœur : Ian Robertson). Orchestre du San Francisco Opera, direction : Donald Runnicles.

Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.