Plus de détails
Airs extraits d’opéras de Giuseppe Verdi (1813-1901), Vincenzo Bellini (1801-1835) et Gaetano Donizetti (1797-1848). Natalie Dessay, soprano avec Franck Ferrari, baryton ; Matthew Rose, basse ; Karine Deshayes, mezzo-soprano ; Wolfgang Klose, basse ; Roberto Alagna, ténor. Europäischer Kammerchor (chef de chœur : Michael Reif) ; Sascha Reckert, glass harmonica. Concerto Köln, direction : Evelino Pidò
. 1 CD + 1 DVD Virgin Classics 512 960-2. Code barre : 099951296025. Enregistrement réalisé entre les 28 juillet et 5 août 2007 (DVD, le 24 septembre 2007). Durée : CD 73’25’’+ DVD 21’
Idole de l'art lyrique, Natalie Dessay a connu des fortunes diverses dans sa carrière.
Fortunes diverses souvent orchestrées par les médias qui, après avoir encensés les dons exceptionnels de sa voix, ont tiré à boulets rouges sur la soprano quand elle a connu une baisse de régime en raison de ses problèmes vocaux. Oubliés les extraordinaires moments que Natalie Dessay a offert au théâtre lyrique, oubliée ses aigus inimitables. Que n'a-t-on gaussé sur son retour à l'opéra avec sa prise de rôle de Manon de Massenet à Genève ?
Aujourd'hui, l'animosité déplacée d'alors est remplacée par les louanges retrouvées. Comme il doit être dur pour une artiste de sa qualité et de sa sensibilité de passer des foudres de la critique pour ensuite être portée par les mêmes aux sommets de la gloire. C'est peut-être à cause de ses continuelles atteintes à une légitime vulnérabilité d'artiste qu'elle affirmait à votre serviteur : « L'opéra n'est pas ma passion, c'est mon métier ! »
Ce nouvel enregistrement jouira certainement des meilleures critiques. Il les mérite même si objectivement la soprano n'a plus la brillance des aigus uniques qu'on lui connaissait. La voix a changé. Elle a mûri. Elle a pris un corps dont ses précédentes pyrotechnies n'avaient pas cure de soigner tant elles sublimaient le discours vocal. Aujourd'hui, Natalie Dessay gère avec une grande intelligence une voix qui la projette dans un répertoire belcantiste où se promènent déjà nombre de sopranos. Les succès des rôles qu'elle portait en scène jusqu'à aujourd'hui ne suffira pas à en faire LA chanteuse de belcanto qu'elle espère devenir. La concurrence est abondante. Mais la voix est là, neuve, retrouvée, et toujours reconnaissable entre toutes les autres. Gageons sur cette santé retrouvée et la découverte de ces nouveaux rôles pour que la soprano française fasse vibrer le public comme elle le fit pendant de si nombreuses années.
Dans ce très bel enregistrement, avec un Concerto Köln vibrant sous la baguette précise et attentive d'Evelino Pidò, Natalie Dessay en belle forme vocale opère avec succès sa reconversion belcantiste. Écoutez le « Caro nome » du Rigoletto de Verdi. Admirable ! Plus discutable, Natalie Dessay en Violetta Valery de La Traviata. Même si vocalement l'air d'ouverture de l'opéra est parfaitement chanté, si tout est magnifiquement en place, la profondeur du personnage verdien n'est pas encore à l'appel. Peut-être que lorsqu'elle aura joué le rôle sur les scènes, son personnage viendra à maturité. À sa décharge, signalons qu'il n'est certainement pas aisé de chanter la fragilité de Violetta aux côtés d'un Roberto Alagna qui prête son concours sans grande finesse vocale.
Le DVD bonus présente l'air final de Lucia di Lammermoor de G. Donizetti avec Natalie Dessay filmée lors de la soirée d'ouverture du Metropolitan Opera de New-York, le 24 septembre 2007. Dans cet extrait d'une vingtaine de minutes, on touche de près au professionnalisme exceptionnel de Natalie Dessay. Même si cet opéra semble n'avoir plus aucun secret pour elle, la tension de la première représentation, l'importance de ses retrouvailles avec le public américain sont palpables sur l'image des gros plans de la diva. Pour agrémenter la difficulté, les décalages fréquents du chœur avec l'orchestre ne facilitent pas la tâche de l'héroïne. Il faut toute l'énergie et le talent de la soprano pour relever le niveau de ces choristes plus empotés que médusés par le drame auquel ils assistent. En grande habituée de la scène, ses légitimes angoisses sont habilement cachées derrière la perfection du chant. Cependant, il faut attendre l'entrée de son Ardon gl'incensi pour la voir se détendre et s'investir au-delà des simples notes de la partition. L'engagement artistique est à son comble, puis imperceptiblement, la tension retombe quelque peu jusqu'aux vocalises de l'air qu'elle chante a capella sans aucune hésitation. C'est dans l'attaque pianissimo de son Al giugere tuo soltanto qu'elle atteint les sommets de l'émotion et qu'elle redevient la grande Natalie Dessay que chacun attend.
Si la mise en scène de Mary Zimmerman reste dans la convention, sa direction d'acteur n'utilise malheureusement que trop superficiellement le talent de Natalie Dessay. Quand on sait ses exceptionnelles capacités théâtrales, on se doit de la pousser aux extrêmes de ses possibilités. Ce qu'avaient bien saisi Moshe Leiser et Patrice Caurier lorsqu'ils mettaient en scène ce même opéra sur la scène de l'Opéra de Lyon, la metteur en scène américaine semble n'avoir pas su utiliser Natalie Dessay au mieux de son talent faisant finalement un trop sage Air de la folie. Reste que la performance est plus que méritoire et que ce DVD est un bien précieux document.
Plus de détails
Airs extraits d’opéras de Giuseppe Verdi (1813-1901), Vincenzo Bellini (1801-1835) et Gaetano Donizetti (1797-1848). Natalie Dessay, soprano avec Franck Ferrari, baryton ; Matthew Rose, basse ; Karine Deshayes, mezzo-soprano ; Wolfgang Klose, basse ; Roberto Alagna, ténor. Europäischer Kammerchor (chef de chœur : Michael Reif) ; Sascha Reckert, glass harmonica. Concerto Köln, direction : Evelino Pidò
. 1 CD + 1 DVD Virgin Classics 512 960-2. Code barre : 099951296025. Enregistrement réalisé entre les 28 juillet et 5 août 2007 (DVD, le 24 septembre 2007). Durée : CD 73’25’’+ DVD 21’