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« Du spirituel dans l’art », cycle Boulez à la Cité de la Musique

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Paris, Cité de la Musique. 30-XI-2007.Claudio Monteverdi (1567-1643) : Madrigaux (Livre VII) ; Pierre Boulez (né en 1925) : Le Marteau sans Maître. Concerto Italiano, Rinaldo Alessandrini, clavecin et direction. Hilary Summers, contralto ; Ensemble Intercontemporain, direction : Pierre Boulez.

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C'est davantage le thème, « du spirituel dans l'art », décliné par la Cité de la Musique en dix manifestations – mêlant concerts et forum – qui réunissait ce vendredi soir 30 novembre Monteverdi et Boulez que la confrontation hasardeuse de deux démarches face à la mise en musique d'un texte qui semblent bien divergentes voire totalement opposées chez les deux compositeurs. Mais il y a chez tous deux la même position militante pour défendre leurs options et l'exigence tendue vers un idéal pour que « l'esprit parle à l'esprit » selon les propres termes de .

En première partie donc, c'est et son réunissant ce soir cinq voix solistes, deux violons et les instruments de la basse continue, qui interprétaient des extraits du VIIe Livre de Madrigaux de sous-titré très significativement « Concerto » puisque le Maître crémonais y favorise le dialogue entre voix solistes et ritournelles instrumentales à travers un genre qui bascule à présent vers la cantate baroque. S'il est toujours délicat de donner à entendre dans une grande salle un peu froide des pièces aussi fines et intimistes confiant à l'auditeur les élans du cœur et les interrogations secrètes de l'âme (« Amour que dois-je faire si aimer d'une foi pure ne me favorise ? »), les voix du , plus délicates que puissantes mais toujours au service de l'expressivité du verbe et de son illustration musicale, parviennent à capter l'écoute et nous enchantent comme dans ce duo féminin sur un texte de Guarini, « ô toi, si aimable » dont la dentelle sonore qui orne de ses traits virtuoses le mot « chante » pourrait définir, à l'instar d'un Messiaen, le style oiseau monteverdien. Dans l'extraordinaire « ballo concertato » de Tirsi et Clori – attribué au librettiste de l'Orfeo Alexandro Striggio – refermant le Livre VII, plus léger et bucolique que le sombre et douloureux Sixième Livre, rassemble les forces vives de son petit ensemble pour nous transporter dans un décor arcadien et nous faire partager l'ivresse d'une fête dionysiaque réglée ici avec une maîtrise et un élan capable « d'enflammer l'âme la plus glacée ».

Après Le soleil des eaux qu'il dirigeait à Pleyel deux jours auparavant, et l' en petite formation abordaient en deuxième partie de ce concert l'œuvre phare de sa trilogie René Char – rappelons que l'on fête le centenaire de la naissance du poète – avec Le marteau sans maître : Une œuvre dont la difficulté légendaire n'a plus l'air d'inquiéter ses interprètes tant la version qu'ils offraient ce soir sous le geste économe et souple du compositeur, nous laissait apprécier la résultante sonore et poétique de ces fins réseaux labyrinthiques et de cette hyper-complexité rythmique dont les solistes de l'Intercontemporain savent mieux que quiconque défier la virtuosité. Chaleureuse et envoûtante, la flûte en sol d' – dont la prestation touche ce soir à l'excellence – conduit le Commentaire de Bourreaux de solitude avec cette flexibilité idéale qui fait ondoyer la musique comme une barcarolle. La voix étonnante de la contre alto britannique , tendue peut-être à l'excès dans l'Artisanat furieux et Bourreaux de solitude va se fondre idéalement dans le contexte instrumental lors de la dernière partie qu'elle interprète bouche fermée.

Loin de « dater » comme ont pu l'écrire certains commentateurs, Le Marteau sans maître semble au contraire traverser l'histoire en imposant de manière toujours plus éclatante son esthétique de « pierre dure et belle comme le silex », ce minéral choisi précisément par René Char comme emblème symbolique de l'ensemble de son œuvre.

Crédit photographie : © Clive Barda/DGG

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Paris, Cité de la Musique. 30-XI-2007.Claudio Monteverdi (1567-1643) : Madrigaux (Livre VII) ; Pierre Boulez (né en 1925) : Le Marteau sans Maître. Concerto Italiano, Rinaldo Alessandrini, clavecin et direction. Hilary Summers, contralto ; Ensemble Intercontemporain, direction : Pierre Boulez.

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