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Dijon, Auditorium, 23-XI-2007. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Grands Motets ; Joseph Michel (1679-1736) : Grands Motets. Avec : Stéphanie Révidat, dessus ; Hanna Boyodi-Hyrt, dessus ; Mathias Vidal, haute-contre ; Marc Mauillon, taille ; João Fernandes, basse, le Concert spirituel, direction musicale : Hervé Niquet.
Le Concert Spirituel
Jean-Philippe Rameau et Joseph Michel à Dijon, le retour aux sources ! Et des sources spirituelles, s'il en est, puisque les Grands Motets composent le programme de ce somptueux concert. Si Rameau est désormais connu du grand public comme un compositeur dijonnais baroque de très grande envergure, principalement grâce à ses pièces de clavecin et ses opéras, il n'en est pas de même pour son compatriote contemporain Joseph Michel. Celui-ci est né non loin de Dijon où il viendra faire ses humanités à la maîtrise de la collégiale Saint Etienne. L'orgue y était tenu par… le père de Rameau ! Par la suite, Michel sera nommé à la tête de la Sainte-Chapelle du Roi à Dijon (ville dans laquelle il demeurera et sera enterré). Son œuvre vocale est alors jugée comme exceptionnelle, et il est volontiers comparé au célèbre Lalande. Son grand motet Dominus regnavit sera d'ailleurs au programme de la Chapelle Royale de Versailles jusqu'en 1792. Ce sont donc deux compositeurs de Côte d'Or qui étaient à l'honneur vendredi soir.
Le public, venu nombreux pour assister à la représentation de ces grands motets baroques sous la direction enlevée d'Hervé Niquet. Le Dominus regnavit de Michel ouvrait la marche, suivi du Quam dilecta de Rameau. Après l'entracte, c'est à nouveau Joseph Michel qui était à l'honneur avec son Quid Retribuam tibi tandis que le In Convertendo de Rameau terminait la soirée sur une apothéose d'applaudissements. Il est vrai que la musique, somptueuse, a été servie par des interprètes tout aussi remarquables : Stéphanie Révidat, a fait montre d'une présence et d'une précision indéniables ; Hanna Boyodi-Hyrt, a su retenir l'attention des spectateurs grâce à son extrême sensibilité, Mathias Vidal, haute-contre, s'est fait remarquer par son assurance et sa sensibilité. Marc Mauillon a su charmer l'auditoire par sa qualité de phrasé, tandis que Joao Fernandes a imposé de beaux graves, le tout dans une atmosphère à la fois religieuse et enlevée. Le chœur, très homogène, dont la qualité n'a pu que laisser le public sans voix – si l'on peut dire – a répondu aux solistes de manière sensible, nuancée, précise, en un mot : musicale, à l'instar des instrumentistes, non dénués de talent et de passion, qui savent faire sonner avec justesse et beauté leurs instruments anciens. Il faut dire que tous sont placés sous la baguette d'Hervé Niquet, et quelle baguette ! Un chef qui sait à la fois adopter la rigueur d'un automate avec la souplesse d'un danseur dans la gestique. Du grand art pour celui qui fonda le Concert Spirituel en 1987 ! En lien avec les musicologues du Centre de Musique Baroque de Versailles, les musiciens travaillent sur un répertoire peu connu. Après avoir visité les plus grands lieux de concert français et étrangers par le biais de divers festivals, ils sont actuellement en résidence à l'Opéra National de Montpellier.
Et c'est vraiment un enchantement que ce concert donné par le Concert Spirituel ! Les motets de Michel ont ainsi pu être interprétés de manière énergique, soulignant le dynamisme et l'inventivité mélodique. De même, la beauté des harmonies de Rameau ainsi que son sens de la théâtralité n'ont pu échapper grâce à, encore une fois, une interprétation d'une très rare qualité. En résumé : et exultate pour la soirée…
Crédit photographique : Concert Spirituel © Nicole Berger
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Dijon, Auditorium, 23-XI-2007. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Grands Motets ; Joseph Michel (1679-1736) : Grands Motets. Avec : Stéphanie Révidat, dessus ; Hanna Boyodi-Hyrt, dessus ; Mathias Vidal, haute-contre ; Marc Mauillon, taille ; João Fernandes, basse, le Concert spirituel, direction musicale : Hervé Niquet.