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Luxembourg. Grand Auditorium de la Philharmonie. 16-XI-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1759-1791) : Don Giovanni, . Dramma giocoso sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Avec Bo Skovhus, Don Giovanni ; Stefan Kocán, Commendatore ; Ricarda Merbeth, Donna Anna ; Michael Schade, Don Ottavio ; Roxana Briban, Donna Elvira ; Wolfgang Bankl, Leporello ; Angelika Kirchschlager, Zerlina ; Hans Peter Kammerer, Masetto. Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor. Orchestre de l’Opéra d’Etat de Vienne, direction : Ádám Fischer.
La mode des instruments anciens gagnant du terrain, le public a de plus en plus l'habitude d'entendre le répertoire mozartien joué sur des instruments d'époque, et avec des effectifs réduits.
Tel n'était décidément pas le cas pour les deux représentations de Don Giovanni, données en version de concert au Grand Auditorium de la Philharmonie de Luxembourg. L'orchestre du Wiener Staatsoper, dynamisé par la direction extrêmement énergique d'Ádám Fischer, a en effet inscrit le chef d'œuvre lyrique de Mozart dans la grande tradition symphonique qui se perpétue depuis le XIXe siècle, et que les plus grands chefs d'orchestre ont menée tambour battant. Loin de la finesse et de la subtilité qui caractérise généralement le jeu des plus petites formations, c'est à un véritable déferlement orchestral que le public a été convié. On aime ou on n'aime pas. Cela dit, on a rarement entendu des cordes aussi chatoyantes (bravo au premier violon, pour les rythmes dansants du finale du premier acte) ou des vents aussi exubérants, qui rendent pleinement justice à l'originalité de l'écriture orchestrale du grand Mozart. Il était tout à fait intéressant de redécouvrir Don Giovanni dans une esthétique aussi romantique et tourmentée, qui rappelle à point nommé l'extrême modernité de cette partition.
Face à un tel déploiement sonore, il fallait évidemment des chanteurs de poids. C'est ainsi que pour les rôles féminins, on est allé recruter parmi les verdiennes et wagnériennes du moment. Ricarda Merbeth, Donna Anna, chante habituellement Elsa et Chrysothémis, et cela s'entend. Son chant musclé ne l'empêche pas cependant d'alléger sa voix quand il le faut, et de vocaliser habilement. Cela n'est pas toujours le cas de Roxana Briban, Elvira dont le puissant soprano n'est pas exempt de stridences, malgré quelques jolies demi-teintes dans « Mi tradi ». Angelika Kirchschlager, à qui on aurait sans doute confié Elvira dans un cadre plus « baroquisant », est une Zerline pleine de charme, qui trouve pour son air du premier acte de très jolies variations.
Le plateau masculin est plus homogène, Stefan Kocán tonitruant efficacement dans le rôle du commandeur, et Wolfgang Bankl montrant d'excellentes qualités d'acteur dans son incarnation de Leporello. Michael Schade est simplement idéal dans le rôle de Don Ottavio, auquel il rend vaillance et virilité tout en phrasant délicatement ses deux superbes airs. Bo Skovhus, enfin, est certainement le meilleur Don Giovanni du moment, aux côtés de Simon Keenlyside. Acteur remarquable (cela transparaît même en version de concert…), il excelle autant dans la déclamation du récitatif, dans la virtuosité de l'air dit « du champagne » que dans le legato de la sérénade. Son incarnation racée, un subtil mélange de charme, de provocation et de revendication libertaires, est en parfaite adéquation avec l'esthétique romantique privilégiée pour ces représentations.
Crédit photographique : Michael Schade © Philharmonie Luxembourg
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Luxembourg. Grand Auditorium de la Philharmonie. 16-XI-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1759-1791) : Don Giovanni, . Dramma giocoso sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Avec Bo Skovhus, Don Giovanni ; Stefan Kocán, Commendatore ; Ricarda Merbeth, Donna Anna ; Michael Schade, Don Ottavio ; Roxana Briban, Donna Elvira ; Wolfgang Bankl, Leporello ; Angelika Kirchschlager, Zerlina ; Hans Peter Kammerer, Masetto. Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor. Orchestre de l’Opéra d’Etat de Vienne, direction : Ádám Fischer.