Per Tengstrand, des pas sur la neige

Per Tengstrand, ancien élève de Dominique Merlet au CNSM de Paris, lauréat du Long-Thibaud 1995, Prix du Concours de Cleveland 1997, parcourt les scènes internationales les plus prestigieuses et joue en concerto avec les plus grands chefs. Edo de Waart, Neeme Järvi, Leonard Slatkin ou Susanna Mälkki figurent à son palmarès, que ce soit dans les œuvres du répertoire que celles plus en dehors des sentiers battus, tel le compositeur suédois Wilhelm Stenhammar. Malgré un tel portrait, il se fait bien rare en France. L'occasion de découvrir ce pianiste à la technique irréprochable nous est donnée par ce présent CD à défaut du concert.

Album d'autant plus intéressant puisqu'il est consacré à trois compositeurs scandinaves de trois pays et trois périodes différentes. Devenues des classiques de la miniature pour piano, les Pièces lyriques de Grieg – dont Per Tengstrand nous offre huit extraits – sortent sous les doigts de notre pianiste de la bluette de salon. Une découverte bien venue en cette année de centenaire du compositeur norvégien, centenaire bien peu fêté en France. Dichotomie d'Esa-Pekka Salonen (oui, c'est bien le chef d'orchestre) est justement dichotomique. La première partie, Mécanisme, est une pièce d'une virtuosité folle, presque éprouvante à l'écoute – on imagine sans peine l'énergie exigée de l'interprète – qui agit telle un rouleau compresseur. A l'inverse, Organisme est une vague succession informe d'accords qui peuvent faire penser de très loin à du Messiaen…

La véritable surprise vient des Dernières nuits d'été de Wilhelm Stenhammar, compositeur guère connu en France que dans les dictionnaires. Nous sommes en présence d'une musique fortement post-romantique, Rachmaninov n'est jamais très loin, mais certaines tournures modales et une certaine forme de retenue dans l'expression sont le signe d'un créateur original, maître de sa propre esthétique. Un disque à retenir tant pour les œuvres que pour son interprète.