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Les amants maudits

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Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. 3-XI-2007. Charles Gounod (1818-1893) Roméo et Juliette, opéra en cinq actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, d’après Shakespeare. Mise en scène : Michael Cavanagh ; Décors : Claude Girard ; Costumes : Opéra de Montréal ; Éclairages : Guy Simard. Avec : Marc Hervieux, Roméo ; Maureen O’Flynn, Juliette ; Denis Sedov, Frère Laurent ; Alexander Dobson, Mercutio ; Sarah Myatt, Stephano ; Chad Louwerse, Le Comte ; Antoine Bélanger, Tybalt ; Geneviève Després, Gertrude ; Stephen Hegedus, Gregorio ; Bernard Cayouette, Benvolio ; Pierre-Étienne Bergeron, Pâris ; Alexandre Sylvestre, Le Duc de Vérone. Chœur de L’Opéra de Montréal. Chef de chœur et pianiste-répétiteur : Claude Webster. Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Direction :Jean-Yves Ossonce

Musique sirupeuse d'un ennui mortel pour les uns, bain de jouvence mélodique pour les autres, le Roméo et Juliette de suscite encore la controverse et les prises de position rappellent, certes avec moins de virulence, celles qui opposèrent jadis le clan des Montaigu aux Capulet.

C'est assurément le meilleur opéra de Gounod, avec ses quatre grands duos d'amour, d'une inspiration soutenue, culminant au destin fatal des amants de Vérone. Duos élégiaques qui ponctuent l'action et donnent à l'œuvre son caractère mystérieux : lors du bal, leur première rencontre, le Madrigal préfigurant le coup de foudre, la fameuse scène au balcon de Juliette, l'amour consommé au matin de la nuit de noces et enfin, le duo final de la mort des amants. Trois heures de musique où l'on devrait interdire les coupures intempestives à toute main sacrilège. L'opéra de Gounod est moins long que Tristan et Isolde de Wagner. Mais ne mêlons pas le philtre du Frère Laurent à celui de la mère d'Isolde. Le drame shakespearien vaut autant que la légende celtique.

La transposition de l'opéra dans l'Italie de l'après-guerre, n'ajoute rien de vraiment percutant à l'œuvre. Le metteur en scène aggrave même la situation en mêlant l'ancien et le moderne. Nous avons droit à une panne électrique pendant la scène du bal et son corollaire les lampes de poche, où par un heureux hasard, les invités déguisés sur le thème Renaissance, biseautent en rais lumineux, l'entrée tant attendue de Juliette. L'époque où se situe l'intrigue, la rapproche malencontreusement du West Side Story de Leonard Bernstein. La mise en scène est frustrante – on peut déplorer la suppression du tableau du mariage au quatrième acte et l'endormissement de Juliette, le ballet et le premier tableau au cinquième – et cela rend le dénouement de la pièce inintelligible. De plus, les feux de la passion amoureuse passent au second plan, ce qui réduit d'autant la portée de l'œuvre. Il est difficile de percevoir chez les jeunes amants, la fièvre qui est censée les embraser. Les deux protagonistes restent toujours à distance l'un de l'autre et l'émotion ne les étreint pas – rappelons la stupide poignée de main ! – et si leurs duos d'amour crépitent à nos oreilles, ni l'un ni l'autre ne s'enflamment et nous enflamment dans leurs élans amoureux.

s'investit totalement. S'il a les qualités vocales pour interpréter Roméo, peut-on aussi lui reprocher le manque d'adéquation d'une diction idiomatique française avec la technique dite du bel canto axée sur le legato et la mezza voce ? Il nous sert du Gounod à la sauce italienne Puccini. Virtuosité vocale, certes, la voix se situe toujours dans le forte. Quitte à se brûler les ailes – celles de l'alouette ? – le ténor ne fait pas dans la dentelle. Il lui manque l'aisance dans ce répertoire, avec toutes les nuances que cela comporte, l'éloquence et le vernis que l'on rencontre chez les plus grands qui abordent les rôles lyriques et de demi-caractère du répertoire français. À la fin de chaque vers, pourquoi ce coup de glotte qui perturbe la ligne de chant et si étrangère au style français ? Il chante la fameuse cavatine «Lève-toi soleil» – il est vrai d'un caractère italianisant – mais sans chercher les coloris discrets qui en font le suc.

La Juliette de , nantie d'une jolie voix, bien éduquée, au timbre juvénile, a le physique de l'emploi. Sa gestuelle rappelle l'adolescence insouciante de la jeune fille mais malheureusement sa présence sur scène n'est jamais éclatante. Son premier air, «Je veux vivre» nous est servi avec trop de timidité. Elle semble constamment sur ses gardes et on peut regretter qu'elle ne s'abandonne jamais. Les duos sont mieux tenus, plus libres dirons-nous, mais sans jamais parvenir à l'émancipation. Mention honorable pour tous les autres rôles, entre autres le Tybald du ténor et surtout le baryton en Mercutio et son excellente interprétation de la Ballade de la reine Mab. Idem pour la jeune mezzo Sarah Myatt dans le rôle de Stephano. Retenons dans le rôle du Comte et la mezzo Geneviève Després dans celui de Gertrude. Enfin, mentionnons la basse en Frère Laurent.

Le chœur de l'Opéra de Montréal est une fois de plus exemplaire. Il prend part à l'action dès le premier acte et leur présence est toujours adéquate. en assume la direction. Le maestro Ossonce connaît bien son Gounod. Sa battue est précise et il sait faire saillir de l'orchestre les mouvements percutants.

Crédit photographique : © Yves Renaud

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Montréal. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. 3-XI-2007. Charles Gounod (1818-1893) Roméo et Juliette, opéra en cinq actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, d’après Shakespeare. Mise en scène : Michael Cavanagh ; Décors : Claude Girard ; Costumes : Opéra de Montréal ; Éclairages : Guy Simard. Avec : Marc Hervieux, Roméo ; Maureen O’Flynn, Juliette ; Denis Sedov, Frère Laurent ; Alexander Dobson, Mercutio ; Sarah Myatt, Stephano ; Chad Louwerse, Le Comte ; Antoine Bélanger, Tybalt ; Geneviève Després, Gertrude ; Stephen Hegedus, Gregorio ; Bernard Cayouette, Benvolio ; Pierre-Étienne Bergeron, Pâris ; Alexandre Sylvestre, Le Duc de Vérone. Chœur de L’Opéra de Montréal. Chef de chœur et pianiste-répétiteur : Claude Webster. Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Direction :Jean-Yves Ossonce

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