Miloš Popović pour un Schumann élégant mais sans surprise

La Chapelle musicale Reine Elisabeth, célèbre institution belge d’enseignement artistique, a elle-même lancé sous les couleurs du label « Fuga Libera », une collection destinée à offrir à ses élèves l’opportunité d’enregistrer ce qui est souvent leur premier disque. Milos Popovic, jeune pianiste belgo-serbe de 22 ans, profite de l’occasion pour rendre un bel hommage à Schumann, en choisissant d’interpréter les fameuses Scènes d’enfants, alliées aux méconnues Romances op. 28 et à la redoutable Sonate op. 11.

Interprétation plutôt réussie dans l’ensemble de ces pièces, avec une maîtrise renversante des difficultés techniques dans les parties les plus fougueuses, et un lucide ressenti de la poésie schumannienne dans les passages plus posés, plus lyriques. Popovic est sans doute à son meilleur dans les Scènes d’enfants, desquelles il parvient de fort belle manière à retirer toute l’innocence et la bonhomie. Même s’il n’y apporte rien de révolutionnaire, son jeu respire du souffle, de la fraîcheur et du renouvellement qui anime toute interprétation inédite. La célébrité de ces pièces pleines de candeur, destinées comme tant d’autres à sa bien-aimée Clara, tient à leur climat poétique et leurs mélodies clairement dessinées. Plus difficile d’accès est la Sonate op. 11, une œuvre qui pose même aux pianistes les plus hardis des écueils considérables. Popovic s’en sort indemne sur le plan purement pianistique, mais son interprétation mériterait sans doute davantage de spontanéité. Il en va de même pour les Trois romances op. 28, jouées avec talent et énergie, mais avec sans doute trop de discipline et pas suffisamment d’audace et de liberté. Il faut dire aussi qu’il n’est pas aidé par une prise de son plutôt âpre qui donne à entendre un piano toute sauf tendre.

Pas une référence absolue, mais un disque fort appréciable tout de même et un pianiste talentueux qu’on n’oubliera certainement pas de sitôt.