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Cologne, Allemagne. Philharmonie. 28-X-2007. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 5 en mi bémol majeur « L’Empereur » op. 73 ; Erkki-Sven Tüür (né en 1959) : Action-Passion-Illusion (Show). Dimitri Chostakovitch (1906- 1975) : Symphonie n° 9 en mi bémol majeur op. 70 ; Hélène Grimaud, piano ; Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, direction : Anu Tali.
Quelques semaines après avoir entendu Hélène Grimaud avec la Staatskapelle de Dresde, la voici en tournée avec la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême. Toujours avec son actuel cheval de bataille, le Concerto n°5 de Beethoven. Ce jeune ensemble de « chambristes » figure parmi les toutes meilleures formations du genre et s'est récemment illustré à travers un disque remarquable des symphonies de Beethoven. Sous la baguette d'Anu Tali, sa prestation donnée au Philharmonique de Cologne n'a pas failli à sa réputation à travers un choix d'œuvres tout autant classique qu'éclectique.
Le concerto fut globalement réussi et proposa en hors d'œuvre un Beethoven contrasté : apollonien là où on l'attendait mais pas uniquement.
Il semble que ce soit une habitude germanique de proposer une conception empreinte de classicisme qui « avance » et porte loin le propos.
Dès la longue introduction initiale, la musicalité d'ensemble apparaît comme magnifiée : sens du détail et puissance sonore – étonnante pour un effectif réduit – sont de mises aux côtés d'une homogénéité transparente des cordes.
Avec verve et une grâce indéniable, le chef rajoute une pointe « dramatique » et suit les ralentis marqués d'un piano qui se plaît à creuser les plages « méditatives ». Répondant du tac au tac à l'orchestre, Hélène Grimaud nous offre une prestation solide et teintée de profondeur « philosophique ».
La cadence du premier mouvement est tout à fait inhabituelle : feutrée, à travers le filtre de la sensibilité de la pianiste, comme échappée d'une boite à musique. L'Adagio un pocco mosso se termina de manière décevante avec un orchestre statique et plus figé comparé aux deux premières pages du mouvement pourtant bien inspirées. Une opposition de jeu entre la soliste et le chef qui se confirma avec quelques enchaînements peu cohérents dans le final. Un Rondo dynamisé par des dialogues incisifs dont on retiendra la véhémence d'un discours bondissant côté clavier et une clarté architecturale d'ensemble.
Après l'entracte, Anu Tali retrouve un répertoire qu'elle défend depuis des années. Pièce écrite en 1993 par un compatriote, Action- Passion- Illusion nous plonge dans la substance même des musiques baltes avec ce soupçon de mysticisme et ces textures impénétrables, sorte de mélange opaque et de lumières tamisées. Plus de légèreté pour clore ce concert avec une captivante symphonie n° 9 de Chostakovitch. L'ironie mordante de la partition, tout simplement déroutante, fait mouche dès les premières mesures. Un régal de bout en bout ! Une ambiguïté extrême entre rire et larmes. Flûtes et cordes excellent dans cette fanfaronnade de haut vol. Comme une brève réminiscence des souffrances endurées, une lugubre noirceur fait une brève réapparition dans les deux mouvements suivants et crée un malaise pesant. Juste avant d'enchaîner avec le caractère burlesque et délirant de l'Allegretto. Les différents pupitres prennent place dans un véritable cirque musical. En bis, un clin d'œil « hollywoodien » avec une adaptation de Tea for Two, preuve qu'on peut toujours faire de la musique à haut niveau dans un répertoire en apparence plus léger.
Crédit photographique : Anu Tali – DR
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Cologne, Allemagne. Philharmonie. 28-X-2007. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre n° 5 en mi bémol majeur « L’Empereur » op. 73 ; Erkki-Sven Tüür (né en 1959) : Action-Passion-Illusion (Show). Dimitri Chostakovitch (1906- 1975) : Symphonie n° 9 en mi bémol majeur op. 70 ; Hélène Grimaud, piano ; Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, direction : Anu Tali.