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San Francisco. War Memorial Opera House. 25-X-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Die Zauberflöte, singspiel en 2 actes sur un livret de Johann Emanuel Schikaneder. Mise en scène : Stanley Garner. Décors et costumes : Gerald Scarfe. Lumières : Michael Gottlieb. Avec : Piotr Beczala, Tamino ; Elza van den Heever, Kendall Gladen, Katharine Tier, les trois dames ; Christopher Maltman, Papageno ; Erika Miklósa, La Reine de la Nuit ; Greg Fedderly, Monostatos ; Dina Kuznetsova, Pamina ; Christophe Borglum, Zachary Pedersen, John Ribeiro-Broomhead, les trois jeunes garçons ; Georg Zeppenfeld, Sarastro, Rhoslyn Jones, Papagena ; Noah Stewart, 1er Prêtre, 1er Homme d’armes ; Eric Jordan, l’Orateur, 2nd Homme d’armes ; Riccardo Lugo, 2nd Prêtre ; Chœur du San Francisco Opera (chef de chœur : Ian Robertson). Orchestre du San Francisco Opera, direction : Donald Runnicles.
Entre ce conte pour petits et grands enfants et cette grand'messe ésotérico-maçonnique que peut être La Flûte enchantée, Gerald Scarfe, Stanley Garner et Donald Runnicles auront vite tranché. Ce sera le conte.
D'une symbolique généralement et justement associée à l'œuvre ne subsisteront ce soir que quelques formes (deux ou trois triangles ici et là), quelques objets (ce gros compas suspendu au-dessus de l'immense pyramide, centrale aux décors)… dont on se demande alors ce qu'ils viennent faire ici ! Reste donc, et c'est déjà beaucoup, cette fable composée à coups de grosses ficelles pour qu'elle puisse être comprise de tous, une étonnante histoire peuplée de dragons et de bien vilaines dames, le voyage bourré d'aventures (de mille trouvailles visuelles) d'un jeune et beau prince en quête de sa belle, la traversée de royaumes exotiques, lieux de tous les dangers, la rencontre d'animaux fabuleux, savoureusement peinturlurés, la découverte d'un monde clos, quelque peu guindé, étrangement codé.
Sentiments, aventures, humour, didactisme, tous les ingrédients du conte y sont donc, qui, vif et bien mené, fonctionne alors à plein, comme peut fonctionner une Planète des Singes, et vous passe, furtif et leste, comme une lettre à la poste. Les tempi, résolument (trop) accélérés, (trop) abrupts de Donald Runnicles, débarrassés de toute solennité plus ou moins ronflante, jouent, eux aussi, et comme pour enfoncer le clou, la transparence et la légèreté du conte (mais il faudra plus de trente minutes pour que fosse et scène sachent s'accommoder).
La mise en scène de Stanley Garner se prête au jeu. Animée, fraîche, elle regorge d'atmosphères et de surprises. Le public est conquis. Certains (j'en suis) seront déçus, car cette Zauberflöte, qu'on le veuille ou non, demeure, envers et contre tout, … initiatique… pour ne pas écrire maçonnique. Tamino n'est pas Stewart Granger, la Flûte, Les Mines du Roi Salomon ! Pour illustrer cette fiction, pour la colorier, San Francisco a su agencer un plateau de luxe : Piotr Beczala campe un Tamino diablement investi, juvénile, mordu, bien déterminé à conquérir sa blonde. La voix sonne vigoureuse et spontanée (Dies Bildnis… ), le timbre clair et viril. Papageno, lui, crève l'écran. Naïf et benêt comme il se doit, sensé comme l'Everyman d'une scène moyen-âgeuse, Christopher Maltman saura cerner le personnage, en peindre les élans, la bonhomie. La voix, chaude et bien timbrée, suivra tout naturellement. Erika Miklósa, ovationnée en fin de parcours, redoutablement virtuose, au contre-fa ravageur, parvient, pour plagier E. M. Forster, à « arrondir » sa Reine de la Nuit, à en faire un véritable protagoniste du drame. Un soprano lyrique d'une grande pureté, un timbre lumineux, un chant sobre et contrôlé, font de Dina Kuznetsova une très très solide Pamina.
De gros bons points également pour Greg Fedderly (Monostatos), Christopher Borglum, Zachary Pedersen, John Ribeiro-Broomhead (les trois jeunes garçons), sans oublier le très honorable Sarastro de Georg Zeppenfeld, la spirituelle et malicieuse Papagena de Rhoslyn Jones. Nos trois dames, elles, manquent de punch. Inutile de revenir sur la direction précipitée de Runnicles, sur le total mépris qu'il réserve aux chanteurs ! Inutile également de bouder notre plaisir. Vocalement de force dix, cette Flûte (qui nous vient de Los Angeles), bien que le message qu'elle porte en soi en ait été gommé, amuse et divertit, et c'est très bien ainsi.
Crédit photographique : Christopher Maltman (Papageno) ; Georg Zeppenfeld (Sarastro) © Terrence McCarthy
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San Francisco. War Memorial Opera House. 25-X-2007. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Die Zauberflöte, singspiel en 2 actes sur un livret de Johann Emanuel Schikaneder. Mise en scène : Stanley Garner. Décors et costumes : Gerald Scarfe. Lumières : Michael Gottlieb. Avec : Piotr Beczala, Tamino ; Elza van den Heever, Kendall Gladen, Katharine Tier, les trois dames ; Christopher Maltman, Papageno ; Erika Miklósa, La Reine de la Nuit ; Greg Fedderly, Monostatos ; Dina Kuznetsova, Pamina ; Christophe Borglum, Zachary Pedersen, John Ribeiro-Broomhead, les trois jeunes garçons ; Georg Zeppenfeld, Sarastro, Rhoslyn Jones, Papagena ; Noah Stewart, 1er Prêtre, 1er Homme d’armes ; Eric Jordan, l’Orateur, 2nd Homme d’armes ; Riccardo Lugo, 2nd Prêtre ; Chœur du San Francisco Opera (chef de chœur : Ian Robertson). Orchestre du San Francisco Opera, direction : Donald Runnicles.