The opera gala

Les amateurs de beau chant ne seront pas déçus par ce CD, venu tout droit du Festspielhaus de Baden-Baden.

Reflet d'un concert donné en juillet 2007, disponible également en DVD, il nous permet d'entendre côte à côte quelques unes des gloires internationales du moment. Airs, duos et ensembles s'enchaînent sans véritable cohérence artistique, et le programme semble surtout avoir été conçu afin qu'aucune de nos quatre super-vedettes ne s'arroge la part du lion.

La qualité vocale et artistique est dans l'ensemble homogène, et chacune des prestations procure à l'auditeur un plaisir manifestement partagé par les spectateurs présents dans la salle. Les qualités vocales et stylistiques de Ramón Vargas sont bien connues, et cet enregistrement rappelle à point nommé combien cet artiste, quelque peu éclipsé par des collègues davantage médiatisés, compte sur la scène lyrique actuelle. Sa « furtiva lagrima » montre une sensibilité à fleur de peau – certains y verront peut-être quelque maniérisme – et l'air de Luisa Miller « Quando le sere al placido » est d'un très bel élan dramatique. Le duo des Pêcheurs de perles affiche de somptueux phrasés ainsi qu'une bonne maîtrise du français, ce qui n'est pas spécialement le cas sur le CD des deux interprètes féminines. Elīna Garanča, davantage connue pour ses incarnations mozartiennes et bel cantistes, montre néanmoins qu'elle est très à l'aise vocalement dans la chaude sensualité de Dalila ainsi que dans le panache de la zarzuela de Ruperto Chapi.

Anna Netrebko, très en voix, fait merveille dans « Casta diva », même si certaines vocalises sont un peu savonnées. On a plaisir en tout cas à entendre une Norma aussi juvénile, et on souhaiterait que ce rôle figure prochainement au répertoire de la jeune cantatrice russe.

Enfin, on se réjouit d'entendre le baryton Ludovic Tézier, qui fait merveille dans chacune de ses incarnations, autant dans le chant élégiaque de Rodrigue et de Zurga que dans les fanfaronnades d'Escamillo. Le SWR Sinfonieorchester de Baden-Baden et Fribourg, efficacement dirigé par Marco Armiliato, propose un très bel écrin pour les quatre perles réunies pour ce concert. À quand un récital d'opéra de Ludovic Tézier ?