Le bonheur d’un tricentenaire de Buxtehude

Ni cantates, ni concerts spirituels, ni arias, ni motets il est bien délicat de définir l'œuvre vocale de Dietrich Buxtehude. Il s'agit de pièces plutôt courtes, extrêmement variées, écrites sur des textes allemands le plus souvent, avec un effectif instrumental modeste. Il se dégage de l'écoute de ce disque une sensation de tranquillité et de sagesse très réconfortante. Gaie ou triste la musique est toujours imaginative, jamais convenue, toujours étonnante. Des morceaux à voix seule aux plus classiques chœurs à quatre voix toutes les combinaisons sont belles. Quand on sait que tous les oratorios composé par ce génie ont été perdus, les regrets sont grands. Mais rendons grâce à Joël Suhubiette et ses musiciens pour ces magnifiques interprétations de morceaux précieux. Ils nous semblent parfois trop courts. Tout le disque fait cette même impression. La variété est telle, que le temps passé ne peut être compté. L'oreille en voudrait davantage.

Les instrumentistes, deux violons, trois violes de gambe, un basson et l'orgue sont agréables de timbre, virtuoses et d'une souplesse bienvenue. Dans leurs parties solistes ils sont chaque fois remarquables. Les solistes sont inspirés et les voix sont jeunes et bien conduites. La recherche de couleurs et de phrasé permet de renforcer la variété des œuvres proposées ici. Le chœur de huit chanteurs est précis, vif, très homogène mais aussi capable d'une belle ampleur au besoin. La précision des vocalises est une de leur qualité rare. Le magnifique Alleluia final de Der Herr ist mit mir, Bux WV 15 est vraiment incroyable, avec ses contre temps vivifiants.

Ce tricentenaire de la mort du maître de Lübeck, qui impressionna tant ses contemporains, Purcell et Charpentier et appris beaucoup à Bach, permet de rendre hommage à une part trop méconnue de son génie. Ces pièces vocales de Buxtehude, dans cette très belle interprétation, sont une des plus belles découvertes de l'année.