Concerts, La Scène

Bastille orientale …

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Paris. Amphithéâtre de l’Opéra-Bastille. 13- X- 2007. Nouri Iskandar (né en 1938) : Mawal Kurdeli ; Kiawash Sahebnassagh (né en 1968) : Kava (création mondiale)  ; Daniel Landau (né en 1973) : Ana Shahid  ; Rashidah Ibrahim (née en 1954) : Music for Nay and Chamber Orchestra ; chant ; Saed Haddad (né en 1972) : On Love I. Wafaa Safar, nây ; Taoufik Mirkhan, Jamil Al-Asadi, qânûns ; Massoud Shaari, setâr ; Nieuw Ensemble, direction : Garry Walker.

Festival d'Automne 2007

Les nombreuses programmations du Festival d'Automne ne font que confirmer à quel point la scène artistique moyen-orientale a le vent en poupe depuis quelques temps. Cette fois, des compositeurs de diverses origines (syrienne, libanaise, koweitienne… ) étaient mis à l'honneur.

Les interprètes du Nieuw Ensemble étaient peu convaincants dans Mawal Kurdeli de Nouri Iskandar, semblant hésiter sans cesse entre leur propre jeu et les tournures orientales qu'imposait la pièce. Il faut cependant avouer que l'œuvre elle-même paraissait expérimentale et les maqâmâts employés étaient comme « plaqués » sur la musique occidentale. Les recherches de étaient plus portées sur le timbre et sur l'équilibre entre un instrument traditionnel avec le mode de jeu qui lui est propre et une formation occidentale. Les couleurs orchestrales étaient très intéressantes mais le setâr ne réussissait pas à trouver sa place.

Paradoxalement, Ana Shahid de Daniel Landau était plus oriental que les précédentes pièces tout en restant très occidental. La maîtrise de l'outil électronique laissait entendre de très belles sonorités et jouait sur un principe de construction/déconstruction entre l'acoustique et l'électronique. La pièce de Rashidah Ibrahim, jouée pour la première fois sur flûte nây en concert, semblait mettre à l'aise les interprètes de par l'orchestration très occidentale. La flûte représentait toute la tradition arabe et évoluait en se mélangeant ou en se différenciant de l'ensemble ; une ode à l'harmonie entre Orient et Occident…

Quant à l'œuvre de , elle est certainement l'une de celle qui représentait le mieux l'intégration des deux cultures, une synthèse amenant à créer son propre style. Il était tout à fait enrichissant d'observer les différents niveaux d'intégration de la musique occidentale ou arabe et les idiomes exploités, selon les cas, avec plus ou moins d'aisance. Il semblerait parfois que l'orientalisme du XIXe siècle a donné naissance à un occidentalisme du XXe siècle…

Paris. Amphithéâtre de l'Opéra-Bastille. 13- X- 2007. Hossam Mahmoud (né en 1965) : Duo ; Tarab III (création mondiale) ; Tarab. (né en 1968) : Zrwan II. Rasheed Al-Bougaily (né en 1971) : Ahaat. Samir Odeh-Tamimi (né en 1970) : Li-Umm-Kámel ; Ahinnu II. Ensemble l'Instant Donné.

La rétrospective « Scène artistique du Moyen-Orient » se poursuivait le soir dans le même lieu, l'Amphithéâtre-Bastille. Si Duo d'Hossam Mahmoud ne semble qu'une restitution du son de la zerna orientale, avec quelques effets contemporains de sons multiphoniques, Tarab III allait déjà plus loin dans l'exploration de la microtonalité par variations infimes autour d'une hauteur, spécificité de bien des modes de jeu en Orient. Avec Zrwan II de nous abordons un domaine minimaliste, fait de subtils jeux rythmiques entre flûte et percussions. Les décalages (écrits) abondent, mobilisant une concentration maximale des interprètes.

Avec Rasheed Al-Bougaily nous partons en arrière. Ahaat pour quatuor à cordes se souvient à chaque mesure de Different trains (électronique en moins) de Steve Reich, qui fut un de ses professeurs. Cette lancinante successions de cellules répétitives néo-tonales allait trouver son opposé total avec l'esthétique de Samir Odeh-Tamimi. D'une écriture tellurique, mais qui à l'écoute d'œuvres suivantes du même compositeur allait se révéler assez peu renouvelée, Li-Umm-Kámel puis Ahinnu II ne ménagent pas les forte ni la virtuosité des interprètes. Entre ces deux œuvres, Tarab de Hossam Mahmoud proposait, avec sa mélodie commune à Tarab III, une heureuse pause aux lancinantes mélopées microtonales. Félicitations à l'Ensemble l'Instant Donné qui a su s'investir dans un répertoire que peu auraient défendu.

Paris. Amphithéâtre de l'Opéra-Bastille. 14- X- 2007. Rasheed Al-Bougaily (né en 1971) : Deewaan (création mondiale). Alireza Farhang (né en ????) : Bâd-e Sabâ (création mondiale). Shafi Baddredin (né en 1972) : Ertejal, « Maqâm-Spectre » (création mondiale). Hiba Al-Kawas (née en 1972) : Ru'ia Fi Maa (création mondiale). Samir Odeh-Tamimi (né en 1970) : Madih. Hiba Al-Kawas, voix ; Wafaa Safar, nây ; Taoufik Mirkhan & Jamil Al-Asadi, qânûn ; Laith Abdul-Amir, ‘ûd ; Bassem Hawar, djozé ; Houmâm Roomi, kamânché ; Sardâr Mohamadjani, barbat. Niew Ensemble, direction : .

Dernier volet de la « Scène artistique du Moyen-Orient » avec une série de créations mondiales. Après un quatuor à cordes décevant post Steve Reich, Rasheed Al-Bougaily surprend heureusement avec Deewaan, sorte de concerto grosso en miniature ou les instruments s'interpellent les un les autres, dans une discours musical en renouveau perpétuel. La richesse de cette première création allait jurer contre l'indigence des trois suivantes. Dans Bâd-e Sabâ d'Alireza Farhang (le seul compositeur qui, par coquetterie, n'a pas divulgué son année de naissance), les instruments traditionnels requis (barbat et kamânché) sont couverts par l'ensemble instrumental occidental. Rien d'audible pour une œuvre banale, qui se veut basée sur la microtonalité mais qui ne l'emploie que parcimonieusement. Ertejal, « Maqâm-Spectre » de Shafi Baddredin tente de renouveler l'expérience du concerto grosso un nây (flûte oblique), un ‘ud (luth oriental) et un qânûn (cithare orientale), en vain. Une fois de plus les instruments occidentaux, par nature plus puissants, couvrent leurs voisins, malgré une introduction plaintive très évocatrice au nây solo, discrètement accompagné par des cordes en harmoniques.

Hiba Al-Kawas, personnalité reconnue dans son Liban natal, effectue le premier net recul esthétique avec une partition post-ravélienne (Ru'ia Fi Maa) sur un poème chanté et récité par elle-même de Nada El-Hage. La musique est « téléphonée » par rapport au texte, évoquant tour à tour l'eau, l'air, la mer… jusqu'à l'explosion finale, qui est comme il se doit, l'amour. Heureusement Madih renoue avec un peu de modernité, quoique pour la troisième fois en deux jours Samir Odeh-Tamimi prouve que son esthétique reste statique. Une fois de plus forte et virtuosité son convoqués, couvrant totalement les instruments traditionnels requis dans la partition.

Ces trois concerts ont toutefois permis de faire découvrir une jeune école de composition, faite plus d'individualités fortes que de chapelles autour d'un pays (Liban, Israël, Palestine, Koweït, Syrie, Iran, Jordanie et Egypte) ou d'un compositeur. Dans l'ensemble l'Occident est évoqué, l'Orient reste fortement présent. Il y a là une sorte d'inabouti, de style qui se recherche. N'en doutons pas un instant : la musique contemporaine vient de s'enrichir de nouveaux créateurs originaux.

Crédit photographique : Kiawash Sahebnassagh – L'instant Présent © DR –  : © Andy Buchanan

avec la collaboration de Maxime Kaprielian

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Paris. Amphithéâtre de l’Opéra-Bastille. 13- X- 2007. Nouri Iskandar (né en 1938) : Mawal Kurdeli ; Kiawash Sahebnassagh (né en 1968) : Kava (création mondiale)  ; Daniel Landau (né en 1973) : Ana Shahid  ; Rashidah Ibrahim (née en 1954) : Music for Nay and Chamber Orchestra ; chant ; Saed Haddad (né en 1972) : On Love I. Wafaa Safar, nây ; Taoufik Mirkhan, Jamil Al-Asadi, qânûns ; Massoud Shaari, setâr ; Nieuw Ensemble, direction : Garry Walker.

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