Petenera, un drama flamenco en música y baile

Les légendes autour du Palo de la Petenera varient mais on y trouve toujours la même trame. Petenera serait une femme du village de Paterna qui aurait passé sa jeunesse à briser le cœur des hommes. Elle mourut d'ailleurs de la main d'un de ses amants fou de jalousie. Ce cante est devenu synonyme de mystère et incite à la méfiance et la superstition au point que certains refusent de le chanter.

José Galvan propose ici sa vision flamenco de ce drame. Le danseur et chorégraphe n'est pas n'importe qui dans le monde du flamenco. Il a formé de grands noms du baile dont son fils, l'époustouflant Israel Galvan. Pourtant, force est d'admettre que nous n'avons pas été convaincu par cette Petenera dans laquelle, d'ailleurs, il ne danse que très peu.

Sous le toque de Manuel Parejo la danse manque de conviction. Nous regrettons aussi une image trop sombre et une prise de son loin d'être ce que nous attendons d'un DVD musical. Par chance, ce produit est composé de trois parties. Après le drame titre, vient près d'une heure d'extraits de spectacle où s'enchaîne Sevillanas, Serrana, Siguiriyas, Tientos et Bulerias. Malheureusement, nous restons dans le même registre. Le duende se fera désespérément attendre. Nous retiendrons la buleria dansée et chantée par le maître sous le toque de Manuel Parejo qui nous rappelle les qualités qui ont fait de José Galvan cet artiste qui mérite le respect. De même la siguiriya finale qui laisse la place à la danseuse Yumi Yamada nous fait découvrir une belle technique et un peu de cette intensité qui nous manquait.

Ce sont les trente minutes de bonus qui ont, en fait, retenu le plus notre attention. La petenera chantée par Robin Brown qui s'accompagne lui-même à la guitare est plus émouvante que dans le drame musical du début du DVD.

Manuel Parejo nous offre une granaina très classique mais convaincante. Il n'a pu résister à y introduire le thème d'Asturias d'Isaac Albeniz, la plus classique des granainas.

Malgré un son sourd et une image de qualité moyenne, la martinete y siguiriya dansées par José Galvan force le respect que l'on doit à ces anciens qui nous ont tant donné. On y retrouve la puissance de frappe et la précision du danseur, l'intensité du regard et du geste du passé. Une danse qui n'a rien perdu de sa beauté et de son émotion. Le cante de Manolo Sevilla est à la hauteur de ce baile magnifique et prenant. Ce bonus est la perle du DVD. Le petit plus qui nous fait oublier tout le reste.