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Vers une musicologie intelligente et humaniste

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Musiques : une encyclopédie pour le XXIe siècle (volume n°5). L’Unité de la musique, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Traduction française de l’Enciclopedia della musica. L’unità della musica. Actes Sud / Cité de la Musique. 1564 pages. ISBN 978-2-7-427-6974-2. Prix de lancement : 45 € jusqu’au 31 décembre 2007, 55€ ensuite. Dépôt légal : septembre 2007.

 

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Voici donc le dernier volume de cette belle Encyclopédie pour le XXIe siècle, orchestrée par Jean-Jacques Nattiez, éminent musicologue, qui en a rédigé notamment l’introduction et la conclusion.

Le thème général en est l’unité de la musique et l’ouvrage comprend trois grandes parties : L’échange des cultures, Qu’est-ce que la musique ? Et Typologies et comparaisons sans oublier une dernière partie consacrée aux conclusions générales.

Nattiez prévient d’emblée le lecteur : c’est un « volume qui déplaira ». Et pourquoi donc ?

Parce que nous sommes ici très loin aussi bien de la conception que des idées générales qui prévalaient dans les ouvrages encyclopédiques précédents. Ces derniers ne s’intéressaient en fait qu’à la musique européenne en général et à une frange de cette même musique qui est la musique « savante ». Pratiquement, rien d’autre n’était traité, ou alors avec des jugements de valeur souvent condescendants. À l’opposé, dans cet ouvrage, les auteurs se sont attachés à évoquer l’ensemble des genres et des styles musicaux, européens ou non, savants ou non, improvisés ou non, commerciaux ou non. Pour Nattiez et son équipe, au grand dam des musicologues « traditionnels », n’importe quel fait musical, puisqu’il implique une action humaine, mérite d’être étudié, indépendamment de la valeur intrinsèque de la musique ou des opinions esthétiques du commentateur ou du groupe social ou ethnique auquel il appartient. Pour le dire clairement : la musicologie post-moderne (c’est comme cela qu’elle se qualifie) trouve autant d’intérêt à analyser le phénomène Céline Dion (qui bénéficie d’un article entier dans l’ouvrage) que des chansons de Brassens ou des Beatles, qu’un solo de Coltrane, qu’une sonate de Boulez ou qu’un chant pygmée. Le fait musical est largement prépondérant par rapport à la valeur esthétique de l’objet étudié, qui ne passe qu’après, si jamais même elle est considérée.

Cette vision des choses semble loin d’être partagée par tous les acteurs du fait musical et le mépris pour tout ce qui ne rentre pas dans les canons du beau musical propres à telle communauté est hélas fréquemment observé. Pourtant, la musique de l’» autre » (quel qu’il soit) mérite toujours d’être écoutée ; c’est la leçon essentielle proposée par les rédacteurs.

Comme pour les volumes précédents, la fine fleur musicologique actuelle est sollicitée et la lecture de ces articles intelligents est un plaisir même si parfois des considérations un peu trop pointues techniquement ou philosophiquement la ralentissent parfois. Mais la matière est suffisamment fournie pour que chacun y trouve son compte. Relire notre chronique du volume IV

« Un volume qui déplaira » ? Ce n’est pas sûr du tout ; lancez-vous !

Nattiez vol 4 un ouvrage de pros pour les pros

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Musiques : une encyclopédie pour le XXIe siècle (volume n°5). L’Unité de la musique, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Traduction française de l’Enciclopedia della musica. L’unità della musica. Actes Sud / Cité de la Musique. 1564 pages. ISBN 978-2-7-427-6974-2. Prix de lancement : 45 € jusqu’au 31 décembre 2007, 55€ ensuite. Dépôt légal : septembre 2007.

 

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