Henri Dutilleux et Pascal Godart sur le même accord

Alors que sa dernière partition pour voix et orchestre : Le temps, l'horloge vient juste d'être créé par Renée Fleming, l'Orchestre Saito Kinen et Seiji Ozawa au festival de Matsumoto, le label Indesens nous propose un disque regroupant les premières partitions du maître français.

Les quatre pièces pour vents et piano sont le fruit d'une commande de Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire de Paris. Ces partitions étaient destinées à repousser la technique des jeunes instrumentistes, mais aussi à les forcer à apprendre de nouvelles pièces. Elles incarnent bien l'esprit de leur époque par leurs formes très classiques. On sent bien le terreau de la musique française avec des sonorités qui tirent vers Debussy, Ravel, Poulenc, Dukas ; mais ces musiques offrent déjà en embryon la « pâte Dutilleux » avec de subtiles variations, mélodies et timbres. Après l'écoute de ces merveilleuses pièces, le disque se clôt par la sonate pour piano de 1948. Considérée comme la plus ambitieuse des pièces pour clavier de l'auteur, cette sonate explore les timbres et les harmoniques du clavier.

Il semble que les orchestres parisiens se plaisent à mettre en valeur leurs solistes, après un exceptionnel disque Debussy par les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra, c'est au tour de l'Orchestre de Paris de nous présenter ses chefs de pupitre dans de la musique française. Cette intention est plus que louable tant ces jeunes solistes sont des artistes de très haut plan qui allient musicalité avec virtuosité. Lauréat de nombreux concours internationaux et chambriste recherché, Pascal Godart est l'accompagnateur parfait : attentif et précis ; il nous livre par ailleurs l'interprétation de référence de la sonate pour piano.

La prise de son, très claire et lumineuse, rend grâce aux couleurs de cette musique. Les amateurs du compositeur et ceux de musique française ne pourront pas laisser passer un tel disque.